Les laboratoires de biologie médicale ont débuté, ce lundi 9 janvier 2023, une action nationale, qui consiste à fermer leurs établissements durant sept jours. Jusqu’au 15 décembre, donc, seuls les infirmiers, les établissements de santé pourront faire analyser leurs prélèvements ; les cas concernant certaines pathologies dont le traitement ne peut être reporté seront aussi pris en compte.
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Quel impact de l’action nationale ?
Dans ce contexte, dans les collectivités du Nord, seul l’unique établissement de Saint-Barthélemy est resté ouvert. Et tous les laboratoires privés de l’archipel guadeloupéen sont portes closes, cette semaine.
De quoi déconcerter les patients, comme ce couple et cet homme rencontrés à Colin Petit-Bourg :
Je suis surpris, parce que je suis venu prendre un examen, là, mais y a rien ! C’est fermé ! Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Patient d’un laboratoire de biologie médicale
Faut retourner à la maison... on ne savait pas qu’il y avait grève, donc nous sommes étonnés. Mais c’était juste pour prendre les résultats de nos examens. C’est pour vendredi. Heureusement, je m’y suis prise un peu tôt, mais espérons que j’aurais le temps de les avoir pour vendredi. Sinon, on sera obligés de passer par Internet !
Patiente d’un laboratoire de biologie médicale
Très surpris ! Très surpris puisque que, ce matin, je devais récupérer des résultats d’examens pour le médecin traitant. A mon grand étonnement, c’est fermé ! Ca pause un vrai problème, puisque si il y a un cas d’urgence, on se dirige vers qui ?
Patient d’un laboratoire de biologie médicale
Certains estiment qu’un service minimum aurait dû être mis en place, notamment pour la récupération des résultats, en particulier pour les personnes âgées qui ne sont pas à l’aise, avec Internet.
Sylvio Portecop, lui, est infirmier libéral et, donc, il peut apporter ses prélèvements, mais seulement ceux à caractère urgent.
Un "remboursement" demandé par le gouvernement
Les discussions avec le gouvernement sont, pour l’heure, au point mort. L’origine de la grogne est la décision de l’exécutif de diminuer le budget attribué aux laboratoires. Il est demandé à ces entreprises de "rembourser" 1,3 milliard d’euros, d’ici 2026, via des prélèvements financiers et des économies imposées, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale ; ce, au titre des bénéfices réalisés durant la pandémie de Covid-19.
Pour rappel, durant cette crise sanitaire, le choix du gouvernement a été de mettre le paquet sur les tests et, dans le cadre de cette stratégie politique, il a pu compter sur la mobilisation des biologistes.
Ces acteurs, qui sont d’accord pour contribuer, mais à un moindre niveau, estiment donc que le projet du Gouvernement est injuste.
Nous avons été, en tant que biologistes, les premiers à être volontaires et impliqués dans la gestion de la crise sanitaire. Nous nous sommes mobilisés pour réaliser un maximum de tests (...).
Dr Guy-Joseph Théodore, PDG du groupe Inovie Bio Pôle Antilles
Les professionnels du secteur affirment que l’effort qui leur est demandé met en péril jusqu’à 10.000 emplois, conduira à la fermeture de près de 400 laboratoires de proximité et, donc, impactera le maillage territorial de ce service de santé.
La mobilisation est importante, dans la mesure où nos sites sont menacés (...). Si le gouvernement va au bout de son projet de loi et que les réductions budgétaires prévues sont appliquées, certains sites devront fermer (...), les sites qui sont dons les communes qui sont déjà sous dotés au niveau médical.
Dr Anthony Glaude, médecin biologiste du groupe Synergibio de Colin, à Petit-Bourg
1,3 milliard d’euros, c’est un effort trop important, pour les laboratoires, qui ont souhaité faire une contre-proposition d’un montant de 685 millions d’euros, en vain. Le gouvernement n’a pas souhaité ouvrir la négociation, à ce jour.
Dans la presse nationale, le ministre de la santé, François Braun, a jugé « irresponsable » la grève des biologistes, qui ont empoché 3 milliards d’euros de profits, en 2021.
D’où le mouvement débuté en novembre dernier, actuellement reconduit jusqu’au 15 janvier et qui risque de se poursuivre au-delà.