Affaire de la CASBT : une mécanique bien huilée, jusqu'au pot aux roses

Salle d'audience du tribunal de Basse-Terre
Petit à petit, les langues se délient, du côté des prévenus de l'affaire de la CASBT, dont le procès a débuté le 8 avril dernier. Les protagonistes se tenaient les uns les autres, à en croire les témoignages du jour. Les entrepreneurs désireux d'obtenir des marchés publics devaient faire circuler l'argent surfacturé.

Quatrième jour du procès de la CASBT, dans lequel 15 prévenus sont poursuivis pour des faits présumés de trafics d’influence actifs, de prise illégale d’intérêts ou encore de recel de bien présumés, entre 2010 à 2017, au sein de la Communauté d’Agglomération du Sud Basse-Terre, désormais baptisée "Grand Sud Caraïbes".

Une part de vérité a enfin fait son apparition, dans la salle d’audience du tribunal de Basse-Terre.

Faire du chiffre à tout prix

Avec Franck Da Costa, tout d‘abord, l’un des quatre dirigeants de la société AquaTP, poursuivis dans ce dossier. Un homme au cœur du système. Il a la cinquantaine, une barbe grisonnante.
Celui qui fut directeur d’exploitation, jusqu’en 2013, a expliqué, d’une voix claire, les relations très particulières qu’entretenait AquaTP avec la présidente de la CASBT de l'époque, feue Lucette Michaux-Chevry, dont l'ombre plane, jour après jour, au-dessus des protagonistes de ce procès. Des relations qui démarrent avec Franck Chevrère. Le nouveau directeur général a été embauché pour faire du chiffre, pour décrocher de nouveaux marchés. Et, pour y arriver, il va passer un deal avec Madame Chevry : chaque chantier faisait l’objet d’une surfacturation de 10%, qui était ensuite ventilée vers les sous-traitants. A charge pour ces derniers de renvoyer l’argent, sous forme d’espèces ou de fausses factures. 

C’est ce qu’a fait Pierre Deby, pendant 5 ans. Gérant d’une société de travaux publics, il était le sous-traitant exclusif d’AquaTP, pour la livraison de tuf.
L’enquête a démontré qu’entre 2010 et 2015, Pierre Deby a remis près de 214.000 euros en espèces, à Hervé Belan, président d’AquaTP.
"Je n’avais pas le choix. Hervé Belan me tenait. Si je refusais, je n’avais plus de chantier", explique l’entrepreneur, d’une voix douce, à la barre.

Jouer le jeu ou perdre des marchés

Alain Rendu est venu ajouter une pièce supplémentaire, à cette manifestation de la vérité. Cet expert judiciaire en travaux publics a confirmé, à la barre, la surfacturation d’un chantier d’entretien et de maintenance des réseaux d’eaux usées et d’eau potable du Sud Basse-Terre. Un chantier pour lequel la CASBT a payé plus d’un million d’euros en plus ; plus d’un million d’euros en trop.
Enfin, peut-être pas pour tout le monde…

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