BTP et transition écologique : la nécessité de recycler les déchets des déconstructions

Chantier du nouveau siège d'EDF Archipel Guadeloupe, au morne Bernard (Baie-Mahault).
Ce samedi encore, le grand public est attendu au CWTC pour "Les rendez-vous du BTP". Le secteur cherche à recruter de nouveaux profils, en particulier dans les métiers dits "en tension". Les nouvelles exigences de l’activité sont aussi présentées et, parmi les défis auxquels les entreprises sont confrontées, il y a la gestion des ressources (sable, graviers...) et le traitement des déchets générés.

En Guadeloupe, territoire insulaire, donc physiquement limité, les matières premières essentielles au secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) proviennent de ressources naturelles, susceptibles d’arriver à épuisement, si on les prélève inconsidérément. C’est notamment le cas du sable et du gravier, lorsqu’ils ne sont pas importés.
Dans cette filière, la transition écologique impose donc aux professionnels de faire preuve de frugalité et de valoriser les déchets, qui peuvent à leur tour constituer une ressource utilisable.

On parle d’économie circulaire. On parle également d’un contexte de raréfaction de la ressource naturelle. Il s’agit donc de valoriser les déchets de la déconstruction, que l’on peut valoriser en les remettant dans le circuit.

Nicole Erdan, cheffe du pôle transition écologique et croissance verte à la DEAL Guadeloupe

La valorisation des rebuts de la déconstruction est d’ores et déjà parmi les réponses mises en œuvre, localement. Cette pratique responsable et durable s’installe petit à petit, en effet, au sein des entreprises.

Nous, nous pratiquons déjà le recyclage, à petite échelle, pour créer une vraie valeur ajoutée pour les entreprises guadeloupéennes qui font aussi ce métier. Nous avons une superficie qui est dédiée, un espace de revalorisation, de broyage, avec un criblage, pour réutiliser les matériaux pour la construction. On va ainsi réduire l’impact carbone.

Patrice Gounouman, entrepreneur en BTP

Produire de la valeur ajoutée, de la richesse, à partir de gravats, c’est donc possible.
En même temps qu’elle profite à l’environnement, la valorisation des déchets du BTP constitue ainsi une activité porteuse.
La Société guadeloupéenne de Béton l’a bien compris. Elle est, aujourd’hui, leader dans le domaine du recyclage des déchets de déconstruction, grâce à ses installations de Jarry (Baie-Mahault).

SGB est premier dans l’accueil de matériaux recyclés et de réemploi dans ses bétons. Nous sommes les seuls, aujourd’hui, en Guadeloupe, à utiliser des matériaux de démolition en réemploi dans nos bétons et nos granulats. Il y a des documents d’acceptation préalables, des visites de chantiers, on fait des mesures sur les produits, pour être sûrs qu’ils soient bien non pollués. Ensuite, c’est à nous de jouer pour faire le traitement : séparation des aciers, ou des éventuels bois et plastiques, avant le réemploi.

Wilfried Albert, directeur de la SGB

Construire durable, c’est le grand défi de la transition écologique dans le BTP. Les scientifiques, à commencer par les chercheurs de l’Université des Antilles (UA), travaillent eux aussi à apporter des réponses, en particuliers sur les matériaux.

La Fédération du bâtiment et des travaux publics Guadeloupe, quant à elle, entend relever le défi du moment et est mobilisée, puisque le thème des premiers « Rendez-vous du BTP » n’est autre que la "transition écologique".

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