"Celui qui veut travailler peut vivre de l’agriculture", affirme Rémi, agriculteur de 80 ans en Guadeloupe

C'est sur le "marché à Man Réau" que Rémi et Nita écoulent leurs marchandises, chaque semaine.
Certes, le métier d’agriculteur n’est pas de tout repos. Les difficultés sont nombreuses, pour les hommes et les femmes qui travaillent la terre et cultivent de quoi nourrir la population. À l’échelle nationale, la colère des professionnels s’exprime. En Guadeloupe, deux aînés témoignent : Rémi, qui ne rechigne pas à la tâche, affirme que seul le travail paie et Nita, qui s’affaire de l’exploitation au marché, déplore la concurrence déloyale.

Le monde agricole est en colère, dans l’Hexagone. Des paysans se sont mobilisés ce samedi 24 février 2024, jour d’ouverture de la 60ème édition du Salon International de l’Agriculture, à Paris.

Qu’en est-il en Guadeloupe ?
Des producteurs de canne-à-sucre dénoncent leur faible niveau de rémunération ; il en a beaucoup été question ces dernières semaines, à quelques jours de l’ouverture de la campagne sucrière 2024.
Quant aux autres filières, elles subissent la concurrence des produits importés, notamment.
Les professionnels locaux, comme outre-Atlantique, appellent les autorités à œuvrer, afin que le métier d’agriculteur soit plus attractif et intéresse les nouvelles générations. Sans cela, le pays manquera de bras pour alimenter le marché en denrées locales.

Deux aînés évoquent l’évolution du métier

Melon, concombres, tomates, aubergines, papayes, goyaves, patates douces... Rémi sort de ses champs de Dubédou, à Saint-François, foule de fruits et de légumes, depuis près de 58 ans. Aujourd’hui âgé de 80 ans, il s’active toujours sur son exploitation agricole et sur le marché à Man Réau à Pointe-à-Pitre, où il vend ses marchandises "de qualité". Il fait aussi de l’élevage. L’homme est fier de dire qu’il travaille 12 heures par jour.
Entre ses débuts et aujourd’hui, cet amoureux de la terre note l’amélioration des moyens à la disposition des agriculteurs. Avant la mise en place d’un réseau d’eau agricole, c’est grâce à des mares creusées par ses soins que le nonagénaire parvenait à arroser ses plants, en toutes saisons. Son travail, à l’époque, se faisait exclusivement à la main, non à l’aide d’engins mécaniques.
Fort de ses décennies d’expérience, il relativise la crise du monde agricole. Pour lui, les efforts paient.

L’agriculture demande beaucoup de temps et de patience. On peut planter sans rien récolter et on peut planter aussi pour avoir de bonnes récoltes (...). Celui qui veut travailler peut vivre de l’agriculture (...).

Rémi Kichenassamy, agriculteur

Témoignage complet de Rémi Kichenassamy, agriculteur ©Jordi Rayapin et Bruno Pansiot-Villon - Guadeloupe La 1ère

C'est sur le "marché à Man Réau" que Rémi écoule ses marchandises, chaque semaine.

Pour Nita, "c’était mieux avant" ; le secteur était plus rentable avant l’importation des produits agricoles, à une époque où la concurrence était encore "loyale", explique cette agricultrice qui travaille depuis 40 ans avec son mari, à Goyave.

Avec tous les ignames qui viennent ici, on ne peut pas vendre notre production, alors c’est plus difficile pour nous.

Nita Ranfalloua, agricultrice

Témoignage complet de Nita Ranfalloua, agricultrice ©Jordi Rayapin et Bruno Pansiot-Villon - Guadeloupe La 1ère

C'est sur le "marché à Man Réau" que Nita écoule ses marchandises, chaque semaine.

Outre la concurrence et l’ampleur des tâches qui incombent aux agriculteurs, ces professionnels sont aussi régulièrement confrontés aux aléas climatiques. Mais de cela, Rémi et Nita ne se plaignent pas : ces paramètres font partie des réalités locales et, pour eux, le dernier mot reste celui de la nature.

Emmanuel Macron face à des agriculteurs en colère

Le 60ème Salon International de l’Agriculture a débuté avec du retard et sous tension, ce samedi. En cause, une mobilisation d’agriculteurs en colère, face à un président de la République présent sur le site pour une rencontre avec les partenaires et les syndicats du monde agricole. Les militants ont tenté de forcer les portes de Paris Expo, à Porte de Versailles, pour tenter d’interpeller Emmanuel Macron.

La tension est vite retombée, avec la présence d’effectifs importants de forces de l’ordre, déployées sur le site. Plusieurs personnes ont été interpellées, après un face-à-face violent.

De façon musclée, Emmanuel Macron a pris la parole face à la presse, juste après cette réunion. Une déclaration synonyme d’appel au calme.

La réalité c’est que l’agriculture française elle se tient. Il y a simplement plus d’inégalité qu’avant. Il y a des gens, ces dernières années, qui ont fait du revenu et parfois beaucoup et parfois des années historiques. Il y en a, dans les mêmes filières, avec de petites structures, qui n’ont pas fait de revenus. Et il y a des filières qui sont en train de se casser la gueule complètement (...).

Emmanuel Macron, président de la République française

Le chef de l’Etat a eu toutes les peines du monde à entamer la traditionnelle "déambulation" présidentielle, entre huées et tentatives de dialogue.

Le président de la République a prévu de rencontrer les représentants des filières agricoles d’Outre-mer. Une rencontre prévue à l’Elysée, mercredi prochain, à midi. Les acteurs des différentes interprofessions (fruits et légumes, banane, canne, élevage) ont été invités à cette entrevue.