Changement à la tête du Conseil présidentiel de transition d'Haïti sur fond de scandale de corruption

Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition d'Haïti depuis le 7 octobre 2024 (pour 6 mois)
Le 7 octobre, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’Haïti a vu un changement à sa tête. Conformément au principe de la présidence tournante, l’architecte Leslie Voltaire, membre du parti "Fanmi Lavalas" de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, a succédé à Edgar Leblanc Fils qui n'a pas assisté à la cérémonie, marquant sa désapprobation.

Le Conseil présidentiel de transition a changé de président ce lundi 7 octobre. Suivant le principe de la présidence tournante, l’architecte Leslie Voltaire de "Fanmi Lavalas", le parti politique de l’ancien président de Jean-Bertrand Aristide, a remplacé Edgar Leblanc Fils à la tête de ce conseil.

Ce dernier, à l'instar des ambassadeurs de France et des Etats-Unis, n’a cependant pas assisté à la cérémonie d'installation de son successeur, refusant de signer la passation de pouvoir, en invoquant des accusations de corruption visant trois membres du Conseil. Il s’en est expliqué dans un message à la Nation

Cette rupture exacerbe les tensions internes et plonge davantage le pays dans l'incertitude.

Des tensions entre l'ancien président et le Conseil présidentiel de transition

Le refus d’Edgar Leblanc Fils de ratifier le transfert de pouvoir trouve son origine dans un scandale de corruption récent. L’unité anti-corruption d'Haïti a, dans un rapport publié le 2 octobre, recommandé des poursuites contre trois conseillers du CPT pour abus de fonction, versement de pot-de-vin et corruption passive.
Ces conseillers auraient réclamé 770 000 dollars au président de la Banque nationale d’Haïti, en échange de son maintien à la tête de l'institution.

Malgré ces accusations, les trois hommes ont conservé leurs postes au sein du Conseil, contre l’avis d’Edgar Leblanc Fils.

L'insécurité au cœur du mandat de Leslie Voltaire

Le conflit interne menace de saper encore davantage la crédibilité de cette instance, déjà critiquée pour son incapacité à lutter contre l’insécurité et à organiser des élections dans un contexte politique et social chaotique. L’absence du président sortant lors de la passation de pouvoir souligne la gravité des divisions au sein du Conseil, renforçant l'incertitude autour de la direction future du pays.

Malgré ce climat tendu, le nouveau président du CPT, Leslie Voltaire, a assuré que le Conseil électoral provisoire (CEP), récemment formé, serait bientôt installé. Après avoir salué la mémoire des 70 victimes du gang "Gran Grif", le 3 octobre dernier, à Pont Sondé, une localité du département de l'Artibonite, située sur la route reliant Port-au-Prince à Cap-Haïtien, il s'est déclaré "pas satisfait" des efforts quant à la lutte contre l'insécurité dans le pays. 

"Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore rétabli la sécurité pour la population", a-t-il déclaré lors de son discours. 

La situation demeure incertaine, et beaucoup se demandent si ce changement à la tête du Conseil pourra réellement apaiser les tensions ou si, au contraire, il ne fera qu’aggraver la crise politique actuelle.