Depuis le lundi 14 mars 2022, les premières restrictions liées à la crise sanitaire sont levées, dans l’Hexagone.
En Guadeloupe, la situation est autre. Tout de même, quelques allègements ont été décidés, comme le port du masque qui n’est plus obligatoire, en extérieur, dans les écoles du 1er degré.
Nombreux sont ceux, au sein de la population, qui ont hâte de se débarrasser du masque et de gagner en liberté.
Une nouvelle phase a été envisagée, par le préfet, à compter de la semaine prochaine, en vue d'un retour à la vie normale.
Mais face au rebond de l'épidémie de Covid-19, localement, cela serait-il pertinent d'abandonner ces garde-fous ?
Prudence est mère de sûreté
Le baromètre à surveiller est la pression hospitalière, point de repère quant à la gravité de la situation. Or, force est de constater que, dans l'archipel, l'afflux de patients est stable, notamment au Centre hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG). Pour autant, l'activité des services est perturbée, en l'état actuel des choses.
Tania Foucan, coordonnateur de gestion des risques au CHUG, estime qu'il est nécessaire de faire preuve d'encore un peu de patience :
On comprend bien la nécessité de chacun d'avoir envie un petit peu de "respirer". C'est tout à fait compréhensible, après deux années vraiment difficiles. Le problème c'est qu'il faut arriver à rester dans les limites du raisonnable. Moi, ce que je recommande, si les jeunes font la fête, par exemple, ils vont peut-être se contaminer mais, après il ne faut pas aller voir des personnes plus âgées, ou aller embrasser des personnes de la famille qui ont des comorbidités.
Tania Foucan, coordonnateur de gestion des risques au CHUG
L'activité hospitalière reste perturbée
Sur les 450 lits que compte le CHU de la Guadeloupe, trente sont actuellement occupés par des patients Covid. Neuf sont en réanimation.
Cela peut paraître peu, mais leur présence n'est pas sans conséquences sur les autres services.
Comme ce sont des patients qui ont besoin de plus de soins et d'attention que d'autres, on est obligés de prendre les ressources humaines de certains services, pour pouvoir les orienter, à chaque fois, vers ces patients. En réanimation, on a besoin, du coup, de plus de soignants et, donc, ce sont souvent des soignants du bloc opératoire. Donc on a moins d'interventions chirurgicales. On est toujours obligés de faire un équilibre, entre les patients Covid et les autres patients
Tania Foucan, coordonnateur de gestion des risques au CHUG
Et pour arriver à cet équilibre, le CHU est toujours obligé de déprogrammer des actes chirurgicaux.
C'est pour cela qu'on est très embêtés par cette remontée de l'incidence [NDLR : de l'épidémie de Covid-19], parce que cela voudra peut-être dire qu'on sera à nouveau obligés de déprogrammer et, donc, à nouveau obligés de ne pas faire de soins à des personnes non Covid. Et cela c'est vraiment très très problématique. Donc les personnes qui ont des interventions chirurgicales programmées, pour des problèmes ophtalmologiques, pour des problèmes de cancer, etc. Tout cela est retardé. Et c'est une catastrophe pour eux également.
Tania Foucan, coordonnateur de gestion des risques au CHUG
Après la montée du taux d'incidence chez les jeunes, il faut maintenant s'attendre à une augmentation des hospitalisations, chez les personnes âgées, d'ici deux à trois semaines.