Éboulement et paralysie de la carrière de Deshaies : le BTP guadeloupéen craint l’arrêt de tous les chantiers

La Société antillaise de granulats (SADG) exploite la carrière de Deshaies en Guadeloupe, source de roche massive, depuis 1997. elle extrait et concasse près de 1,6 millions de tonnes de matériaux par an.
Si vous êtes en phase de construction d’habitation, attention à la pénurie de granulats qui se profile. D’ici une dizaine de jours, ce matériau pourrait manquer localement, dans le contexte d’interdiction d’exploitation de la carrière de Deshaies, concernée par le glissement de terrain massif du 3 décembre 2024. La Société antillaise de granulats (SADG) ne peut qu’écouler son petit stock de pierres déjà extraites de la montagne.

Une crise sans précédent est en train de s’abattre sur le secteur du Bâtiment et de travaux publics (BTP) en Guadeloupe.

Les professionnels sont suspendus la décision du tribunal des référés de Basse-Terre, concernant l’exploitation de la carrière de la Société antillaise de granulats (SADG) de Deshaies ; celle-ci a été mise en délibéré au 15 janvier prochain, après l’audience du 7 janvier 2025.

Lors de ces débats, l’avocat des victimes, les voisins de la carrière qui ont vu leurs terres, leurs maisons et une partie de leur voie d’accès s’effondrer, le 3 décembre 2024, a demandé la suspension de l’activité sur le site.

Des chantiers progressivement stoppés

Les acteurs du BTP sont inquiets, car déjà confrontés à des difficultés d’approvisionnement, au niveau des centrales à béton et des centrales d’enrobé. Le stock de matériaux restant de la SADG ne suffira pas à répondre aux besoins en cours et les grands chantiers risquent fort d’être stoppés net, dans les prochains jours.

Notre secteur va être impacté par les problèmes qui ont pris naissance au niveau de la carrière. Parce qu’il faut savoir que c’est la principale carrière de Guadeloupe, qui alimente les différentes entreprises, que ce soient les entreprises qui fabriquent du béton, que ce soient les entreprises qui travaillent au niveau des routes pour faire des enrobés.

José Gaddarkhan, président de la Fédération régionale du bâtiment et des travaux publics (FRBTP)

Le BTP dépendant de la carrière

L’arrêt de la carrière sera donc lourd de conséquences, notamment pour les entreprises du bâtiment, dont plusieurs sont déjà en grande difficulté, selon José Gaddarkhan, qui pense aussi aux salariés qui risquent d’être privés d’emploi.

Si aucune solution n’est trouvée rapidement, tout un pan de l’économie locale va donc pâtir de la situation... et le développement du territoire avec.

Prenons l’exemple d’un chantier comme le CHU ; si on n‘a pas de matériaux, on ne pourra pas terminer l’hôpital. Il y a des travaux sur la piste de l’aéroport ; si on n’a pas de matériaux, le chantier sera arrêté et même les avions ne pourront pas atterrir ! Sans compter les gros ouvrages que nous avons : la prison de Basse-Terre, la prison de Baie-Mahault, les programmes de logements en cours, etc.

José Gaddarkhan, président de la Fédération régionale du bâtiment et des travaux publics (FRBTP)

Le président de la FRBTP juge cette crise "assez grave et à prendre au sérieux".
Le dernier recours sera l’approvisionnement à l’extérieur du territoire, mais pour des montants bien supérieurs.