En Guadeloupe, les syndicats dénoncent les conséquences de la surpopulation carcérale

Cellules de la Maison d'arrêt de Basse-Terre
Alors que les chiffres de la surpopulation carcérale ont été diffusés, les syndicats de gardiens de prison expriment leur ras-le-bol, en Guadeloupe. Un nouveau record de nombre de détenus a été enregistré en France, aggravant une situation déjà compliquée.

Selon les chiffres publiés par le ministère de la Justice, actualisés au 1er mai 2023, 73162 personnes sont derrière les barreaux en France, qui comptent 60.867 places opérationnelles. Les territoires d’Outre-mer à eux-seuls comptent 5.852 hommes et femmes incarcérés, pour une capacité réelle de 4.596 ; il y a donc, dans ces régions, plus d’écroués que de lits prévus.

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Mais la surpopulation carcérale est bel et bien une problématique nationale, du fait de la répartition des places par prison. Sur les 268 établissements du pays, 128 sont occupés à plus de 100%, dont les deux sites de la Guadeloupe en font partie.

Le Centre pénitentiaire de Baie-Mahault, qui a une capacité de 490 places, abrite 680 détenus écroués, au sein de ses deux quartiers ; sa densité carcérale est de 138,8%.
177 détenus sont écroués à la Maison d’arrêt de Basse-Terre, qui compte 129 places opérationnelles ; la densité carcérale est de 137,2%.

Cette situation de surpopulation carcérale perdure, donc, localement.  Elle avait poussé le ministre de la Justice à dévoiler un projet d'extension des prisons locales, en 2019. En attendant sa concrétisation, la réalité du terrain n’est pas sans conséquence, selon Jean-Jacques Racamy. Le secrétaire général de l’UFAP-UNSAP Justice dénonce l’augmentation de la violence, ainsi que des trafics d'armes et de stupéfiants.

(...) Ce n’est pas suffisant, parce que nous savons très bien que les magistrats vont remplir et nous allons encore tomber en surpopulation carcérale. Les conditions de vie de la population pénale sont déplorables. Nous avons des cellules avec 3 ou 4 détenus, de grandes cellules avec 7 ou 8 détenus ; c’est pour cela que nous avons des agressions (...).

Jean-Jacques Racamy, secrétaire général de l’UFAP-UNSAP Justice (au micro de Yannis Elie)

Idem pour Eric Pétillaire, le secrétaire régional CGT pénitentiaire, ce projet d’extension, bien qu’utile, ne sera pas suffisant. Il pointe du doigt le trop grand nombre de personnes incarcérées pour de petites peines et le manque d’accompagnement des détenus sortant de prison. De ces carences découlent, selon lui, la récidive et la surpopulation.

Il y a beaucoup trop de petites peines en prison, surtout à Baie-Mahault ; des personnes qui sont condamnées à moins de 6 mois. Pour nous, ce n’est pas normal (...)

Eric Pétillaire, secrétaire régional CGT pénitentiaire (au micro de Yannis Elie) 

Le projet d’extension des prisons de Guadeloupe prévoit 300 places supplémentaires à Baie-Mahault et 200 à Basse-Terre.