Prisons : nouveau record dans les Outre-mer avec 5.852 détenus

Image d'illustration prison
Le ministère de la Justice a publié ce mardi les chiffres du nombre de personnes détenues en France au 1er mai 2023. Les territoires les plus touchés par la surpopulation carcérale sont Mayotte et la Guyane.

Avec 73.162 personnes incarcérées, la France n’a jamais eu autant de détenus en prison. Les Outre-mer ne sont pas épargnés par cette tendance. 

Au 1er mai 2023, 5.852 personnes sont détenues dans les centres pénitentiaires ou maisons d’arrêt ultramarins. Après une stagnation entre 2016 et 2019 puis une baisse en 2020 et 2021, liée sans doute à la crise sanitaire du Covid-19, le nombre d’individus écroués et détenus a augmenté nettement en 2022. Une hausse qui s’est poursuivie entre mai 2022 et mai 2023, comme le montre ce graphique :

Quant à la densité carcérale – c’est-à-dire le ratio entre le nombre de places en prison et le nombre de détenus – elle était de 127,3% en Outre-mer au 1er mai 2023.

En regardant chaque mois de mai sur les 10 dernières années (ou en avril si les données de mai ne sont pas disponibles), le record de surpopulation remonte à 2016 avec une densité carcérale de 130,4%. Cette dernière a ensuite diminué avant de repartir à la hausse en 2022.

250% de densité

Cette surpopulation varie d’un territoire à l’autre. Comme le montre ce graphique, elle est la plus forte à Majicavo, le seul centre pénitentiaire de Mayotte, avec une densité carcérale de 208,6% tous quartiers confondus.

Dans certains quartiers, cette pression est encore plus forte. Dans la partie "centre de détention" de Majicavo, la surpopulation atteint 250,9%, tandis qu’elle frôle les 200% dans la zone "maison d’arrêt" de la prison de Rémire-Montjoly en Guyane.

Même en Polynésie et à La Réunion où les centres pénitentiaires ne sont pas pleins, les quartiers "maisons d’arrêt" - où se concentrent les détenus qui attendent de passer devant le tribunal – dépassent les 120% de densité carcérale.

À noter que pour le centre pénitentiaire de Taiohae en Polynésie, ainsi que pour les prisons de Saint-Pierre et Miquelon et de Wallis et Futuna, certaines données sont manquantes, ce qui ne permet de les inclure dans ces statistiques.

"L’inertie coupable" de l’État

Cette surpopulation a été épinglée il y a plus de deux semaines par la contrôleuse générale des prisons, Dominique Simonnot. Dans son rapport d’activité 2022 publié le 11 mai 2023, cette dernière a étrillé "l'inertie coupable" de l'État face à cette surpopulation record.

"Il n'existe pas de prison où il n'est porté atteinte à aucun droit", déplorait Dominique Simonnot qui pointait du doigt les conditions de vie indignes des prisonniers, mais aussi les conséquences délétères sur le travail des surveillants pénitentiaires.

Elle n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a également incité les autorités françaises à prendre des mesures en urgence afin de "mettre fin à la surpopulation carcérale, aux conditions de détention déplorables et aux violations des droits des détenus". L’État doit indiquer d’ici novembre 2023 les engagements qu’il entend prendre.

Nouvelles prisons

Le gouvernement est néanmoins conscient du problème de surpopulation. Pour lutter contre ce mal endémique, il souhaite la création de 15.000 nouvelles places de prison d'ici à 2027. C’est le cas à Mayotte où Eric Dupond-Moretti a annoncé en mars 2022 la construction d’une nouvelle prison.

La reconstruction et l’extension de la maison d’arrêt de Basse-Terre en Guadeloupe est également en cours. Le chantier d’une prison à Saint-Laurent du Maroni en Guyane doit aussi être lancé cette année.

En Nouvelle-Calédonie, le placement sous bracelet électronique est une alternative de plus en plus fréquente, en partie pour enrayer la surpopulation carcérale.