Filière canne-sucre : un appel aux décideurs pour "sauver les planteurs"

Ils l’ont rappelé mardi matin, à l’occasion d’une réunion organisée par le préfet, rassemblant tous les acteurs de la filière canne-sucre : les planteurs ne sont toujours pas satisfaits de leur sort. Ils remettent en cause le mode de fixation du prix de la tonne de canne, instauré par le biais de la convention canne 2023-2028.

Pour informer la population de leurs inquiétudes, ils sont plusieurs à s’être mobilisés aux aurores, ce jeudi 8 février 2024, à Morne-à-l’Eau ; c’est principalement une distribution de tracts qui a été organisée au niveau du rond-point du cimetière de la commune.

Souvenez-vous : un collectif de planteurs s’était déjà mobilisé, l’an dernier, pour évoquer les faibles revenus de ses mandants et dénoncer une organisation de la filière inéquitable et qui, selon eux, profite davantage aux usiniers.

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"Nul ne se soucie de nous", déplorent les planteurs

Les producteurs mobilisés sont déterminés à prendre les choses en main, considérant que nul ne défend leurs intérêts.

Nos syndicats censés nous représenter, normalement, devaient nous consulter, prendre nos doléances. Demandez à un syndicat, aujourd’hui, un PV d’assemblée avec une feuille de présence, aucun syndicat ne pourra nous fournir ça ! À quel moment sont-ils venus nous voir, nous agriculteurs, pour nous dire : "Bon, voilà, on va défendre ceci, on va défendre cela, qu’est-ce que vous souhaitez, qu’est-ce que vous souhaitez, qu’est-ce que vous ne souhaitez pas ?". Personne !

Eugène Mardivirin, membre du Collectif de planteurs

Un modèle économique obsolescent

Le tract distribué s’adresse à la population, aux décideurs et aux responsables politiques : il s’agit d’un "appel à l’action pour sauver les planteurs de canne-à-sucre de la Guadeloupe". Les termes employés par les signataires, les Jeunes Agriculteurs (JA), le Kolèktif des Agriculteurs (KDA) et l’Union pour le développement cannier et agricole de la Guadeloupe (UDCAG), sont poignants :

Nous nous adressons à vous aujourd'hui avec la gorge serrée un appel pressant, un cri du cœur pour attirer l'attention sur notre situation dramatique, nous planteurs de canne à sucre de la Guadeloupe. Nous hommes et femmes dévoués qui ont cultivé les terres de Guadeloupe, qui ont pris soin de vos terre depuis des générations nous faisons face à une crise qui risque de compromettre la récolte de cette année et les suivantes, mettant en péril l'avenir de nos exploitations agricoles.

Lettre ouverte des planteurs – février 2024.

Les planteurs dénoncent le fait qu’après s’être investi durant plus de 50 ans, le modèle de fixation des prix de la canne-à-sucre, autrefois garantie de stabilité, est devenu un "fardeau insoutenable". Le modèle n’est pas en accord avec la réalité du mode de production, puisque les agriculteurs ne sont rémunérés que pour le sucre en vrac, non pour les autres dérivés issus de leur labeur (mélasse, bagasse...), expliquent-ils.

Au final, leurs revenus ne couvrent plus leurs coûts de production.

Si rien n'est fait, la récolte de cette année est sérieusement compromise. Nous sommes à la croisée des chemins, et il est crucial que l'usinier revoie de toute urgence la valeur de la tonne de canne pour sauver nos exploitations et préserver notre identité agricole.

Lettre ouverte des planteurs – février 2024.

Un appel à la solidarité est lancé. Les planteurs demandent à tous de les soutenir, notamment via les réseaux sociaux.

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