La Guadeloupe dépourvue de signalétique anti-tsunami : la DEAL mobilisée

Projet de mise en place de panneaux d'information sur le risque tsunami.
Alors que les « points hauts » de l’archipel, synonymes de refuges en cas de tsunami, ont été identifiés et cartographiés, dans le cadre du projet EXPLOIT(1), aucune signalétique ne les indique... pour le moment.

 
La Guadeloupe et les Guadeloupéens ne sont pas prêts à faire face à un tsunami. L’éventualité de la submersion de nos îles par une (ou plusieurs) vague(s) hors normes est très peu évoquée et, de surcroît, la population n’a pas gardé souvenir des faits antérieurs(2). Or, la première arme, contre les risques naturels, est l’anticipation.

Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Marion GESSNER, chargée de mission sur les actions immatérielles du « Plan Séisme Antilles » à la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL) Guadeloupe.

Extrait de cette interview réalisée par Nadine FADEL :

Alerte Guadeloupe : Quelle est la mission de votre service ?
 
Marion GESSNER : Les actions immatérielles que nous menons sont des actions de sensibilisation au risque sismique et au risque de tsunami, parce que le séisme est l’une des causes des tsunamis. Dans ce cadre, on s’est intéressé au projet EXPLOIT(2) et on est entré en contact avec les personnes qui ont développé cette initiative aux Antilles françaises. Notre volonté est de diffuser les documents issus de ce projet, mais aussi de mettre en place des panneaux d’informations. Il s’agira de signaler les zones à risque tsunami et d’indiquer à la population les zones refuges les plus proches, ainsi que les itinéraires pour s’y rendre.

« Toutes les communes sont favorables à l’installation de panneaux d’information sur les tsunamis... mais c’est très cher ! »

A.G. : Pourquoi la DEAL s’est saisie de ce dossier, plutôt que les municipalités ?

M.G. :
 On a tout à fait notre rôle à jouer là-dedans. La DEAL aide, accompagne. Les communes, à travers leur plan communal de sauvegarde(3) (PCS) sont obligées de faire des actions. Mais après c’est une question de financement. Alors on essaye plusieurs stratégies, pour mettre en œuvre cette diffusion de panneaux de signalisations. Actuellement, nous tentons un cofinancement : l’Etat participerait à 40%, grâce au fonds Barnier(4) et les communes, à 60%. Donc, pour l’instant, on se charge de contacter les communes, une à une. Les plus volontaires soumettent le projet, au conseil municipal ; s’il est approuvé, la municipalité en question participera au projet.
Pour l’instant, toutes les communes contactées sont favorables au projet et sont plutôt dans l’attente. 

A.G. : Cela représente quelle enveloppe, pour les 31 communes concernées par le risque tsunami en Guadeloupe ?

M.G. :
On ne le sait pas encore globalement. Cela dépend du nombre de panneaux à installer dans chaque commune. Le modèle de panneau a déjà été créé, dans le cadre du « projet Exploit ». Mais, entre l’identification des sites stratégiques, commune par commune, la fabrication des panneaux et leur installation, la facture finale est encore incertaine. Or, chaque collectivité dispose bien évidemment d’un budget différent. On parle de montants très élevés, pouvant aller de 200 000 à 500 000 euros par commune, en fonction du nombre de sites exposés au risque tsunami. D’où la difficulté.
POUR ALLER PLUS LOIN /
(1) Le projet EXPLOIT – pour « EXPLOItation et Transfert vers les collectivités des Antilles françaises d’une méthode de planification des évacuations en cas d’alerte tsunami » – est un projet scientifique, porté par l’UMR GRED (Université Paul Valéry Montpellier 3 & IRD), au service de la prévention du risque tsunami, auquel sont exposées 180 000 personnes aux Antilles françaises. Il concerne les 31 communes littorales de la Guadeloupe et 27 de la Martinique, ainsi que les collectivités de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Des territoires cartographiés, avec identification des zones sensibles et des refuges possibles. Des plans d’évacuation détaillés et des consignes sont délivrés.
https://exploit.univ-montp3.fr/

A lire : l’article « Les points hauts de l’archipel identifiés et cartographiés »

(2) A lire : l’interview du Maître de conférences, Pascal SAFFACHE, « Le risque Tsunami : une réalité aux Antilles ».

(3) A lire : l'article « Les autorités organisent / La population s’informe »

(4) Le Fonds Barnier, également appelé fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) sert à l’indemnisation des catastrophes naturelles qui n’est pas prise en charge par les compagnies d’assurance habitation, ainsi qu’au financement de la prévention des risques naturels, en France.