Un homicide a été perpétré à Capesterre-Belle-Eau, durant le week-end dernier ; le 26ème depuis le début de l’année. Dans 20 cas, des armes à feu ont été utilisées.
Les autorités judiciaires sont donc confrontées à une double problématique, dans l’archipel : la montée de la criminalité et la circulation accrue des armes.
La procureure de la République de Pointe-à-Pitre s’émeut de cette situation. Mais, pour elle, dans ce contexte, le taux d’élucidations d’enquêtes est honorable, malgré des traitements longs des dossiers.
Un nombre alarmant de violences avec arme
Samedi soir, le 19 octobre 2024, un homme de 26 ans qui circulait à scooter a été tué, à Capesterre-Belle-Eau ; il a été la cible de plusieurs tirs, provenant sans doute d’une arme automatique. Un autre homme a été grièvement blessé, lors de cette violente agression ; il pourrait s’agir d’une victime collatérale. Le(s) auteurs est (sont) toujours recherché(s). L’enquête est menée par la police judiciaire.
Le 6 octobre 2024, un homme de 32 ans a perdu la vie après avoir reçu une balle en pleine tête, dans le quartier de Petit-Pérou, aux Abymes.
Le 11 octobre, un groupe d’étudiants a été pris pour cible par un tireur, à Baie-Mahault ; deux ont été blessés, dont un grièvement.
Le lendemain, le 12 octobre, un enfant de 4 ans a été victime de balles perdues, aux Abymes.
Et ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres.
Des enquêteurs mis à rude épreuve
La procureure de la République de Pointe-à-Pitre déplore ces faits de violence et, d’une manière générale, la délinquance, ainsi que la multiplicité des faits.
Caroline Calbo souligne leur aspect choquant.
Moi, ce qui m’étonne, ou plutôt me choque, me perturbe, ce sont ces victimes qui sont au mauvais endroit au mauvais moment. Cet enfant de 4 ans qui était à l’extérieur, à 22h00, avec ses parents et qui se retrouve victime d’une balle perdue dans une fusillade, c’est particulièrement choquant, de même que des étudiants qui font la fête sur un parking et qui sont pris à partie.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Mais la magistrate, après avoir fait le point avec les chefs des services de police et de gendarmerie, rappelle que ces faits ne restent pas non élucidés.
On a effectivement une forte augmentation, surtout sur les vols avec armes, mais aussi plus d’élucidation des faits. Je crois que c’est important de le dire : on arrive quand même à attraper les auteurs.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Certes, les délais pour mettre la main sur les délinquants peuvent être longs ; ils sont parfois de plusieurs mois, ce que déplore la procureure.
Les services d’enquête sont très diligents et essaient de retrouver le plus vite possible les auteurs de ces faits-là. On a des délais de traitements des enquêtes qui s’allongent, pas sur les faits de violence avec arme ou de vol avec arme, ni de stupéfiants. Mais il y a plein d’affaires qui mettent (je trouve) beaucoup trop de temps.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Caroline Calbo évoque les nombreux justiciables qui s’adressent à elle, pour savoir où en est leur enquête. Certains patientent après avoir déposé plainte des années plus tôt.
J’entends tout ça. On fait beaucoup de réunions avec les services d’enquête, j’envoie des magistrats dans les brigades, au commissariat, pour revoir toutes les procédures qui sont en attente, en stock, pour justement les traiter. On essaie vraiment de répondre aux besoins de justice des Guadeloupéens, avec les moyens qui sont les nôtres.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Pour la magistrate, la difficulté, en termes de moyens humains, réside dans le nombre d’enquêteurs.
Trouver les fautifs est une chose. Les empêcher d’agir en est une autre. Or, pour que le nombre de faits violents diminue, les armes doivent être confisquées... la procureure lance un appel aux familles, pour les mettre à contribution.
Le message que je veux faire passer est qu’il ne faut pas s’habituer à cette violence (...), à ces faits divers constants, avec ces tirs d’armes à feu. Ce n’est pas normal qu’il y ait autant d’armes à feu en Guadeloupe (...). Je lance un appel à toutes les familles, pour qu’elles puissent confisquer ces armes-là. Il faut prendre ces armes-là, il faut les rendre, il faut les jeter, il faut faire quelque chose... mais, en tout cas, ne pas les laisser dans les mains des délinquants.
Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre
Des délinquants qui, dès lors qu’ils sont armés, se servent de ces engins de mort avec une facilité déconcertante. D’où le nombre de morts et, encore plus, de blessés par balle, en Guadeloupe.
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