"Je ne pardonnerai jamais !" : dans l’affaire Sobéso, la famille de la victime opposée à la libération du meurtrier

Francine Régent-Talbot a été torturée, violée et tuée par Sobéso et un complice en septembre 1982.
Après 41 ans derrière les barreaux, des soutiens du criminel Dominiquais réclament la libération de Sobéso. Mais la famille de sa victime, profondément meurtrie malgré les années passées, ne l’entend pas de cette oreille. Focus aujourd’hui sur les proches la jeune Francine Régent-Talbot, violée, torturée et tuée en 1982.

Nous l’évoquions la semaine dernière : Rogers Sobers dit "Sobéso" tente une action en justice contre l’Etat pour "faute lourde", après avoir passé 41 années en prison. À 67 ans aujourd’hui, ce criminel d’origine dominiquaise est l’un des plus anciens détenus de France ; il est actuellement incarcéré à la Maison d’arrêt d’Arles, dans les Bouches du Rhône.

Pour rappel, le 19 septembre 1982, dans le secteur de Baimbridge (Les Abymes - Guadeloupe), avec un complice décédé depuis, cet homme avait violé, torturé et tué une jeune fille de 19 ans : Francine Régent-Talbot.

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La famille de la victime est farouchement opposée à la libération de Sobéso

"Je ne pardonnerai jamais !"

Francine Régent-Talbot aurait eu précisément 60 ans, cette année. On ne lui en a pas laissé l’occasion. À 19 ans, elle est morte dans des conditions sordides, alors qu’elle allait chercher des goyaves, derrière le lycée de Baimbridge.
Cette jeune fille a été torturée, violée, puis tuée par étranglement, dans une extrême violence, à côté du lieu où ses parents vivaient.

Son père était l’intendant du lycée. À bientôt 94 ans, Eugène n’a rien oublié. Les demandes successives d’aménagement de peine de « Sobéso » sont à chaque fois une épreuve, pour lui et le reste de la famille. Pour lui, Rogers Sobers ne restera pas à la Dominique s’il est libéré par la France. 

Ce type-là, il ne faut pas que je le vois seul, qui circule (..). Je ne lui pardonnerai jamais pour ce qu’il a fait à mon enfant (...). La Dominique ne l’intéresse pas, c’est la Guadeloupe qui l’intéresse ! Il dit ça pour qu’on puisse le libérer (...).

Eugène, papa de Francine Régent-Talbot

Ghislaine est la maman de Francine. Elle a divorcé et s’est éloignée du lieu du drame, en quittant la Guadeloupe. Pour autant, elle n’arrive pas à se reconstruire et est encore suivie psychologiquement.

Ça m’a marquée. Ça m’a laissé beaucoup d’amertume dans le cœur, des regrets. Il faut vivre avec (...).

Ghislaine, maman de Francine Régent-Talbot

La demande de remise en liberté lui fait peur. Ghislaine en est persuadée : Rogers Sobers représente encore un danger.

La sœur de Francine, Viviane, a vu sa vie basculer, en septembre 1982. À la seule évocation de Francine, les larmes coulent encore. À ce jour, elle ne s’est toujours pas remise du drame et ne veut pas voir le meurtrier libre.

Je me demande : est-ce qu’il a conscience de ce qu’il a fait ? Il a ôté la vie de ma sœur. Je n’aurais plus cette joie de voir ma sœur devant moi. Il nous a privés de l’amour qu’on portait à ma sœur. Et, maintenant, il veut dire qu’il a purgé sa peine ?! (...)

Viviane, sœur de Francine Régent-Talbot

 

Pas de suivi post-libération, à La Dominique  

Selon Florent Maxime, consul de La Dominique, si Rogers Sobers était placé en liberté conditionnelle à la Dominique, conformément à ses demandes, il n’y aurait pas de contrôle de présence sur le territoire dominiquais, tant qu’il n’a pas de démêlés avec la justice de son pays. Et le Consul le dit lui-même : un passage illégal sur le territoire guadeloupéen, donc français, est bien évidemment possible.
Il n’existe pas d’accord d’extradition entre la France et La Dominique.

S’il n’a pas d’affaire avec la justice, il n’y aura pas de contrôle de présence à La Dominique. Il sera libre de venir en Guadeloupe, s’il n’a pas d’interdiction d’entrer en France. S’il a une interdiction d’entrer dans un territoire français et s’il est arrêté sur un territoire français, là il sera dans les mains de la justice française (...).

Florent Maxime, consul de La Dominique

En France, au bout de 30 ans de réclusion à perpétuité, on peut prétendre à une demande de libération conditionnelle. Toutefois, le succès de ce réexamen est extrêmement rare. Ce genre de peine est demandé dans les cas d’assassinats, précédés de viol, de tortures ou d’actes de barbarie sur mineurs de quinze ans, les assassinats de magistrats ou de personnes dépositaires de l’autorité publique.