Il a fallu deux heures et trente minutes aux jurés pour trancher, dans l'affaire Landi, ce jeudi 21 octobre 2021.
Le verdict
La cour d'Assises de la Guadeloupe, à Basse-Terre, condamnent Jean-Pierre Landi, ancien haut fonctionnaire, à 8 ans de réclusion criminelle, 5 ans de suivi médico-psychologique et à son inscription au fichier national des délinquants sexuels.
L'homme a donc été reconnu coupable de viols aggravés, sur des mineures de moins de 15 ans, par une personne ayant autorité sur les victimes.
Il est placé sous mandat de dépôt, ce qui signifie qu'il dormira en prison, dès ce soir. Cela, même s'il dispose de 10 jours, pour faire appel, s'il le désire.
A l'énoncé du verdict, à 21h30, il n'y a pas eu un mot, dans la salle d'audience.
La décision des six membres du jury, majoritairement des femmes, est plus clémente que les réquisitions de l'avocate générale, Elodie Rouchouse, qui avait demandé, quelques heures plus tôt, une peine de 10 à 12 ans de réclusion criminelle, avec un suivi socio-judiciaire de 5 ans, à la sortie.
Hier soir, Jean-Pierre Landi a été incarcéré à la Maison d’arrêt de Basse-Terre, en attendant un éventuel transfert vers Fonds Sarail, à Baie-Mahault.
Un procès de deux jours
C'est à ses belles-filles que l'ex-magistrat de la Cour régionale des comptes (CRC) s'en est pris, durant sept ans, de 2010 à 2017.
Son procès a duré deux jours. Des journées de débats que nous avons relatées dans les deux articles ci-dessous :
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A noter, dans cette affaire, l'extrême courage des deux jeunes victimes, qui ont refusé le huis clos, conscientes que la honte ne doit pas être dans leur camp, mais bien dans celui de leur agresseur. Elles se sont dévoilées au grand jour et ont témoigné, soutenues par leur mère.
Les réactions
Maître Harry Durimel, au regard de la peine infligée à Jean-Pierre Landi, déconseille à son client de faire appel de la décision du tribunal des Assises.
Face à un réquisitoire qui demandait 10/12 ans, prendre 8 ans pour deux victimes, alors qu'en matière d'atteintes sexuelles, c'est 7 ans plus, quand c'est "personne ayant autorité", c'est 15 ans, je pense que ce n'est pas un mauvais verdict.
L'avocat des plaignantes, Maître Babacar Diallo, quant à lui, se dit soulagé, même si la peine prononcée est moindre qu'espéré. Le fait que Ludmila et Déborah aient été crues et reconnues comme victimes de viols aggravés, par la justice, va contribuer à leur reconstruction. Là était le plus important.
Ces deux jeunes filles et leur mère n'en avaient rien à faire véritablement de la peine. Elles, ce qu'elles voulaient, c'est déjà être reconnues, dans leur qualité de jeunes filles qui ont été violées. Ça c'était primordial, pour elles. Elles ont été entendues, par la cour d'Assises de la Guadeloupe.
Et, en effet, pour Ludmila et Déborah, c'est la fin d'un long cauchemar. Ce n'est qu'après être sorties de la salle d'audience, qu'elles ont laissé éclater leurs émotions, se prenant dans leurs bras, entre sœurs et avec leur mère, qui les a soutenues jusqu'ici.
A l'intérieur, quelques secondes plus tôt, les trois femmes et leurs proches ont attendu de voir les policiers passer les menottes à leur agresseur et partir avec lui, avant de quitter leur banc.
C'est l'aboutissement de 4 ans et demi de questionnements et de bataille (...) On va continuer notre vie maintenant.
Maître Babacar Diallo a tenu à passer un message Ô combien important, à toutes les femmes, à toutes les jeunes filles, victimes d'atteinte sexuelle, voire de viol :
Défendez-vous ! Défendez vos droits ! Vous n'êtes pas celles qui doivent avoir honte, absolument pas ! Parce que ce que vous avez subi, ce que vous subissez, ce sont des faits particulièrement graves. Vous êtes des victimes et vous n'avez pas à avoir honte.