Une étude sur la survie des personnes atteintes de cancer en Guadeloupe entre 2008 et 2018, publiée par Santé Publique France et l’Institut National du Cancer indiquait que le Schéma Régional de Santé 2023-2028 prévoyait des modifications de l’offre de soins dans les domaines de la médecine nucléaire et du traitement du cancer.
En effet, un TEP-Scan et une gamma-caméra supplémentaires ainsi qu’une offre de curiethérapie et de chimiothérapie à Marie-Galante devraient enrichir les prises en charge dans le département. Du matériel et des offres de soins attendus à la fin de ce schéma, donc à l’horizon 2028.
Ces éléments et la fermeture du centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe, pendant 3 semaines, pour cause de maintenance et de manque de personnel, interrogent sur les besoins actuels en matière de médecine nucléaire dans l'archipel.
Un service de médecine nucléaire saturé
Le CIMGUA a été inauguré il y a près de six ans et il est aujourd’hui sous-dimensionné, selon Lyonel Belia, chef de service de médecine nucléaire au CHU de la Guadeloupe.
Aujourd'hui, le service en Guadeloupe est saturé avec 25 patients par jour, avec des équipes qui travaillent - vraiment, je les félicite - d'arrache-pied. Et on prend malheureusement du retard. Le cancer n'attend pas. L'OMS (Organisation mondiale de la Santé) vient de dire qu'il va y avoir une augmentation de 70 % des cas, dans les années qui viennent, jusqu’à 2050. Et la Martinique, pour prendre un exemple, vient d’installer, depuis 2023, ils ont installé trois TEP-Scan.
Dr Lyonel Bélia, chef de service de médecine nucléaire au CHU de la Guadeloupe
Alors, à quand un deuxième TEP-Scan en Guadeloupe ?
Selon le Dr Belia, un deuxième TEP-Scan sera installé. Un appareil promis pour 2024 par la Région Guadeloupe.
Je ne veux pas revenir sur la polémique qu'il y avait eue quand ce deuxième TEP-Scan avait disparu. La machine a été de nouveau autorisée par l'Agence régionale de Santé, en juillet 2023. Donc maintenant il faut que on se retrouve les manches et qu’on trouve les financements pour le deuxième TEP-Scan de Guadeloupe. C'est urgent. S'il y en a trois en Martinique, c'est qu'il y a une raison. Ça explose, et on ne peut pas courir derrière le cancer.
Dr Lyonel Bélia
En 2020, l'annonce de la suppression du second TEP-Scan après la modification du schéma régional de santé 2018-2023, avait provoqué un tollé. Du côté de la population, mais également unaniment du côté des élus. Si la directrice de l'Agence régionale de Santé de l'époque, Valérie Denux, avait insisté sur la communication aux élus, ces derniers avaient souligné l'opacité des documents fournis.
Le spécialiste le clame, la Guadeloupe a besoin de cet équipement, mais pas n'importe lequel. Un TEP grand-champ, comme ceux installés en Martinique et à La Réunion.
Ces appareils permettent de réaliser des examens "non pas en 19 minutes, comme nous le faisons aujourd'hui, mais en moins de 5 minutes, voire parfois en 2 à 3 minutes", explique le Dr Bélia. S'il reconnaît leur coût, il insiste sur leur nécessité.
Ce sont des machines qui vont nous permettre de prendre en charge des patients plus rapidement, mais en les irradiant beaucoup moins et surtout de prendre les enfants. Nous ne faisons pas les enfants aujourd'hui en Guadeloupe. C’est impératif que l'on remette ce dossier sur la table.
Dr Lyonel Bélia
Le nouveau CHU de la Guadeloupe sera équipé d’un service de médecine nucléaire dernier cri assure le Dr Lyonel Bélia. Ce nouveau service dispose, d’ores et déjà, d’une salle pour accueillir ce deuxième TEP-Scan. Il reste donc à trouver les financements.