Le président kényan William Ruto a exprimé hier (vendredi 31 mai 2024) sa confiance quant au déploiement prochain de policiers kényans, dans le cadre d'une mission soutenue par l'Organisation des Nations Unies (ONU) en Haïti, pays en proie à la violence des gangs.
"Dans environ trois semaines"...
Le Kenya, pays d'Afrique de l'Est, veut dépêcher 1.000 policiers dans l'Etat des Caraïbes. Mais le début de ces opérations controversées, annoncé dans les prochaines semaines, reste entouré d'incertitude.
Alors qu'il était en visite d'Etat aux Etats-Unis la semaine dernière, William Ruto a affirmé à la BBC qu'il s'attendait à une arrivée des forces kényanes dans environ trois semaines. Sur le terrain, seule une équipe de reconnaissance a officiellement commencé à travailler.
J'ai reçu un compte rendu complet de l'équipe qui a effectué une mission d'évaluation, afin d'établir l'état de préparation pour le déploiement de nos officiers (...). Je suis confiant quant à l'exécution du mandat de la résolution 2699 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Message de William Ruto sur le réseau social X.
La résolution 2699, adoptée en octobre dernier, a autorisé le déploiement d'une mission multinationale de sécurité à Haïti. Cette mission, dans laquelle les Etats-Unis sont très impliqués sur le plan logistique (sans toutefois fournir d'hommes), doit épauler la police haïtienne dans la lutte contre les gangs qui terrorisent la population. D'autres pays doivent également contribuer à cette force (Bénin, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Tchad notamment).
Pays pauvre des Caraïbes, Haïti souffre, depuis des dizaines d'années, d'une instabilité politique chronique. La capitale Port-au-Prince est à 80% aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier des meurtres, des viols, des pillages et des enlèvements contre rançon.
Des oppositions
Au Kenya, l'opération programmée suscite de vives critiques et a fait l'objet de recours en justice.
Un parti d'opposition a en effet déposé, mi-mai, un nouveau recours pour l'empêcher, accusant le gouvernement d'"outrage au tribunal", ce dernier ayant jugé l'opération "inconstitutionnelle, illégale et invalide" le 26 janvier, mais le gouvernement en faisant fi.
Human Rights Watch, organisation internationale de défense des droits de l’Homme, a également affirmé, dans un communiqué, cette semaine, qu'au-delà des procédures judiciaires, la mission faisait face à des questionnements s'agissant du "respect des droits humains", mais aussi de financements. La police kényane est souvent accusée, par les défenseurs des droits, d'utilisation excessive de la force et d'exécutions extra-judiciaires. Et, selon l'ONG, le "fonds fiduciaire" de l'opération a reçu jusqu'ici 21 millions de dollars, bien en dessous des 600 millions de dollars de coûts totaux estimés pour l'opération.