Ils sont nombreux à avoir décidé de converger vers la commune de Bouillante pour rejoindre tous ceux qui, sur place, ont tenu à exprimer leur soutien à un livreur de pain privé de son véhicule à la suite d'une plainte formulée contre lui. Motif : ses avertisseurs sonores pour prévenir ses clients de son passage, dérangent les habitants d'une résidence de Bouillante. Ces derniers ont même formulé une plainte contre lui qui a entraîné la saisie du véhicule par la gendarmerie, le privant ainsi de son instrument de travail. C'est en tout cas la raison pour laquelle les nombreux manifestants sont venus à Bouillante
Hubert Quiaba, Collectif de vigilance Mobile
Un fait qui est loin d'être le premier du genre puisque, depuis quelques années, ces habitudes traditionnelles qui font partie de la vie locale en Guadeloupe, sont souvent critiquées par ceux qui n'y sont pas habitués et qui n'y voient que des sources de nuisances à leur sérénité et au bien-vivre ensemble.
Mais cette fois, derrière cette nouvelle affaire, il y a surtout un différend sur un conflit de terrain qui alimente l'antagonisme entre le plaignant et le livreur de pain. Un différend qui pourrait expliquer le paroxysme atteint par cet imbroglio de voisinage.
Un fait que le livreur lui-même ne cite pas. Pour lui il est juste empêché de travailler.
Patrick Thomias, livreur de pain
L'auteur de la plainte, c'est lui, Tarza Antone. Le voici regardant l'objet de la dispute : un bungalow.
Tarza Antone vit avec l'une des soeurs de Patrick Thomias. Ils ont décidé de construire des bungalows pour accueillir des touristes. Et c'est là selon lui que l'affaire s'est envenimée. Sa version de l'affaire, qu'il faut écouter entièrement, est bien loin de celle de Patrick Thomias.
Et l'homme présente à l'appui plusieurs vidéos prises de nuit comme de jour qui montrent surtout l'ampleur de ce conflit familial.
Malgré tout, et après l'intervention du maire de la commune, le véhicule du livreur lui a été remis peu avant 15 heures ce samedi. Thierry Abelli intervenait en connaissance de cause puisque, en sa qualité de maire, il s'est souvent retrouvé obligé d'intervenir dans ce conflit familial.
Un litige privé qui provoque l'émoi populaire
Mais si l'affaire a très vite pris une telle ampleur, c'est surtout parce que, dans cette même commune de Bouillante, au mois de janvier 2021, un livreur de pain s'était déjà retrouvé dans le collimateur des résidents d'un quartier de la commune, un fait qui avait déjà soulevé de nombreuses protestations à travers toute la Guadeloupe.
(Voir : La voiture à pain, symbole de l'attachement des Guadeloupéens à leur mode de vie, 11 janvier 2021)
Bien loin d'être un simple affrontement entre traditions et modernités, il s'agit bien souvent d'une confrontation culturelle qui n'a pas de couleur ou d'origine, et qui remet en question les fondements du bien-vivre ensemble guadeloupéen.
Les exemples ne manquent pas puisque, outre les livreurs de pains, les coups de boutoirs contre les combats de coq où le procès contre la proximité d'un temple hindou avec une habitation, sont là pour faire trembler ce modèle traditionnel guadeloupéen et provoquer tous les mouvements de ceux qui comptent bien le défendre coute que coute.
Pourtant, cette fois, il faudra bien admettre qu'il y a peut-être eu de grandes forêts socio-culturelles qui ont caché les petits arbustes des simples querelles de famille et de voisinage .