Professeur Emérite de Psychiatrie et d’Addictologie, Aimé CHARLES-NICOLAS a participé à la création de l’Addictologie Française. Il est l’auteur de 330 articles scientifiques et de 4 ouvrages.
Il a aussi créé la psychiatrie Hospitalo-Universitaire outre-mer, avec au CHU de Fort-de-France jusque-là dépourvu de psychiatrie, un service comportant une Unité Anxiété et Dépression, une Unité d’Accueil et d’Orientation des Urgences, une Unité de Liaison, une Unité de psychogériatrie, une Unité Psychiatrie en périnatalité et un Département d’addictologie comportant un Centre de Traitement résidentiel, un centre de traitement de substitution, une unité ambulatoire et de recherche, une équipe mobile ECIMUD, une antenne de lutte contre le dopage en collaboration avec la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports. Il a relancé la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (dont l’efficacité a été louée par le Président de la République lors de la catastrophe aérienne qui a frappé la Martinique le 16 Août 2005).
Il a organisé six manifestations scientifiques internationales d’envergure qui ont permis de renforcer la coopération avec les psychiatres et les addictologues des pays de la Caraïbe, avec la France, l’Algérie, le Mexique et le Brésil. Très impliqué auprès de la population, président-fondateur de 4 associations, il initie des actions de prévention. Présentant les attendues du colloque, le Professeur Aimé Charles Nicolas écrit :
Avec la présence de plus en plus insistante dans l’espace public de la thématique de l’esclavage nous nous sommes rendus compte que nous ne savions rien des conséquences psychologiques de la traite des Noirs et de leur mise en esclavage alors même que des travaux psychiatriques ont démontré la nécessité de traiter les psychotraumatismes, que des travaux d’épigénétique démontrent l’existence de traces sur l’ADN des traumatismes psychologiques et leur transmission de génération en génération, alors, enfin, que des travaux d’historiens ont mis au jour «la voix des esclaves». Il est alors apparu indispensable de faire se rencontrer historiens, psychiatres, généticiens, anthropologues et sociologues pour échanger sur cette question loin de toute posture victimaire.
En fait, l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de la première manifestation scientifique sur les conséquences psychologiques de l’esclavage. Dans ce contexte l’enjeu c’est aussi le lien entre esclavage et racisme puisque, avec la traite composée exclusivement de Noirs, le changement de nature et d’échelle de l’esclavage a fait se développer à partir du XVIe siècle une vision racialisée et racialement hiérarchisée de l’humanité (Controverse de Valladolid etc.). Avec l’abolition de l’esclavage, le XIXe siècle a inventé les théories raciales qui ont rationnalisé et justifié «scientifiquement» la hiérarchie, intriquée à la colonisation et plaçant le nègre dans l’évolution darwinienne entre le singe et l’homme.
Ainsi les conséquences de l’esclavage et de ses suites (Jim Crow, lynchages, apartheid, droits civiques...) qui ont façonné les esprits pendant des siècles se révèlent incommensurables ne serait-ce qu’à la lumière des données scientifiques actuelles sur le psychotraumatisme.
Christelle Martial :
Christelle Martial Papiers d'Identité
VOIR AUSSI : "Analyser le lourd fardeau des stigmates de l’esclavage et trouver des pistes de soins et de guérison" [professeur Aimé Charles-Nicolas]
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