Il fallait être "a bonè" (de bonne heure) et s'être réveillé "o pipirit chantant" pour pouvoir faire partie des heureux acheteurs d'ignames sur le marché de Gourde Liane à Baie-Mahault ce mercredi.
Les revendeurs et autres clients de l'aube des agriculteurs de ce marché installé chaque mercredi sur le parking du Vélodrome, n'ont pas attendu le lever du jour pour acquérir les meilleures pièces en vente. Et malgré le thème déclaré du jour, "Jou a ziyanm", avant sept heures, deux tiers des ignames à vendre avaient changé de main. Une réalité quant aux circonstances que l'agriculture guadeloupéenne a connues cette année.
C'est que la production de l'igname relève d'un savoir-faire dont la transmission doit se faire pour optimiser les rendements annuels et pérenniser la tradition du Noël guadeloupéen.
A Noël, c'est particulièrement l'igname Sassa qui est récoltée. Elle n'est « fouillée » qu’à Noël. Les méthodes pour le faire sont d'ailleurs proposées sur les moteurs de recherche. Ils expliquent aisément que, pour bien récolter cette igname il faut d'abord savoir repérer la liane de la plante de l’igname, puis creuser un trou afin de récupérer la racine. Le trou doit être ensuite rempli avec des feuillages, seule manière d'assurer une bonne récolte pour l'année suivante.
Des efforts qui sont nécessaires pour rendre à l'igname sa place sur les tables des repas de fin d'année des Guadeloupéens.
La Guadeloupe n'a cessé de voir se réduire sa production d'igname qui a fortement diminué en trente ans. Elle est passée de 13 000 tonnes dans les années 80 à un peu moins de 5 000 tonnes il y a 10 ans de cela.
Parallèlement, un autre tubercule continue de connaître depuis 2010 une progression remarquable, le madère. La Chambre d'Agriculture et le CIRAD n'ont eu de cesse d'augmenter le nombre de variétés de madère. Sa production atteignait entre 2 500 et 3 000 tonnes par an en 2015, essentiellement parce qu'il est aussi moins concerné par les maladies qui touchent l’igname.