Vie chère aux Antilles : le LKP pointe du doigt le colonialisme et le capitalisme

Les prix de chaque article sont bien plus élevés en Guadeloupe que dans l'Hexagone.
Alors que la Martinique est sur des charbons ardents, les organisations de Guadeloupe sont bien moins visibles dans le débat actuel sur la vie chère. Pourtant, les griefs sont les mêmes, dans les deux territoires des Antilles françaises, où l’inflation atteint des sommets, au détriment des consommateurs locaux. En retrait, le LKP, à l’origine de la grève générale de 2009, continue de travailler sur la question de la vie chère et de dénoncer les manquements des signataires des accords de l’époque.

Depuis le début du mois de septembre, la thématique de la vie chère s’invite dans les colonnes de l’actualité antillaise, avec plus ou moins d’intensité.

D’une mobilisation à l’autre... en vain ?

En Guadeloupe, il y a surtout eu une mobilisation dans un centre commercial, puis un barrage dans un quartier de Basse-Terre.
En Martinique, la population s’est davantage mobilisée ; il y a même eu des tractations entre services de l’État, parlementaires, représentants de la collectivité territoriale, acteurs économiques, transitaires et collectifs de citoyens. Bilan des échanges dans l’île : une promesse de baisse des prix de 20% en moyenne.

Cette problématique du coût de la vie, qui ne cesse d’ailleurs d’augmenter, est loin d’être une nouveauté.
Il y a 15 ans, le sujet était devenu tellement brûlant qu’il avait conduit à une contestation sociale sans précédent. Dans l’archipel guadeloupéen, le Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) s’était alors constitué ; cette organisation contestataire, rassemblant 46 associations, groupes culturels et autres partis politiques, avait battu le pavé du 20 janvier au 4 mars 2009. Chez nos voisins, le Collectif du 5 février avait vu le jour.

L’analyse du LKP, collectif désormais discret

Aujourd'hui, le LKP est silencieux. Le collectif nous a confié ne pas vouloir commenter les mobilisations actuelles, pour le moment, d’autant plus qu’en mars dernier, à la date anniversaire de la signature des accords post-grève générale, il publiait une déclaration de 8 pages sur le sujet.

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En outre, sa position n’a pas bougé !

Le Liyannaj Kont Pwofitasyon dénonce le "statu quo colonial" et "l’aveuglement de l’évolution statutaire", ce dernier étant vu comme "un processus d’adaptation de la domination".
Pour ses membres, durant ces 15 dernières années, l’Etat, les élus et le patronat ont "tout mis en œuvre pour torpiller un accord historique". Le collectif estime que les Etats généraux, par exemple, n’ont servi qu’à casser et invalider ce qui avait été négocié et signé.
Les points de crispation sont nombreux : l’accord sur l’encadrement des prix des produits de première nécessité "jamais appliqué", l’accord sur l’eau et l’assainissement "jamais appliqué", même sort pour l’agriculture, la culture ou les droits syndicaux, l’accord sur la baisse des prix des carburants "partiellement appliqué", tout comme ceux sur le logement et les transports. Le LKP pointe aussi du doigt l’éviction des syndicats ouvriers de l’Observatoire des prix.
Il considère que les ennemis principaux restent le colonialisme et le capitalisme, qui s’appuient sur des outils politiques.
En conclusion, il est dit que le développement économique de la Guadeloupe est un leurre, s’il ne relève pas d’une stratégie politique révolutionnaire, qui combat les rapports de domination capitaliste.

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