Il est environ 18h45, mardi 24 octobre, quand un habitant de la Vallée de Beaugendre, à Vieux-Habitants, en route pour sa séance de sport, observe une "branche bizarre".
L'automobiliste continue sa route, mais cette branche continue de lui trotter dans la tête. "Je me suis dit que ça ressemblait à un serpent". 500 mètres plus loin, voulant en avoir le cœur net, il fait demi-tour...
"À ma grande stupéfaction, je trouve un reptile sur la route, en train de traverser" raconte l'Habissois.
Il l'éclaire... L'animal se redresse alors, faisant presque face au véhicule et son conducteur.
Pris de court par cette découverte, l'homme reste, au départ, dans sa voiture, espérant voir arriver un autre véhicule. Mais rien à l'horizon...
Ne sachant que faire, comment neutraliser l'animal et voyant le reptile continuer sa route, vers des habitations à une trentaine de mètres, il lui roule dessus. Fais marche arrière... L'animal bouge... Il recommence la manœuvre... Le serpent bouge encore...
Avec soulagement, l'Habissois voit arriver des passants. "L'un d'eux sort une machette et finit de le neutraliser" explique-t-il.
"Je sais bien que certains diront qu'on aurait pu le capturer. Mais je ne sais pas ce que serait devenu ce python ce soir-là. Je devais l'empêcher d'aller vers les habitations" confie-t-il.
Plusieurs reptiles retrouvés en Guadeloupe
Se retrouver nez à nez avec un reptile, ce n'est pas la première fois que cela arrive dans le département. Ni même récemment.
Le 6 octobre dernier, c'est sur la plage de Roseau, lové sur un arbre qu'un boa a été retrouvé. Trois jours après, à Morne-Rouge, à Sainte-Rose, un habitant a découvert un python, non loin du terrain de football.
D'autres spécimens ont été retrouvés à Pointe-Noire, à Deshaies, à Petit-Bourg, au Gosier, ces dernières années.
Quelle procédure ?
Depuis le début de l’année, environ une vingtaine de serpents a été trouvée dans la nature. Une fois ces reptiles capturés, deux procédures sont possibles :
- Si l’animal est en vie et que son propriétaire est identifié, le serpent lui est restitué.
- Si l’animal est mort, les mairies sont en charge de l’équarrissage.
En revanche, il n’existe aucune procédure officielle dans le cas où le propriétaire de l’animal, en vie, serait inconnu.
Pourtant, ce scénario se produit régulièrement. Pour soulager les pompiers, les premiers appelés pour maîtriser le reptile, les équipes de l’Office français de la Biodiversité prennent le relais.
Dans le cadre d’un partenariat avec les pompiers, on se charge de récupérer l’animal, de l’euthanasier et de remise à l’équarrissage.
Anthony Grolleau, chef du service départemental de police de l’environnement de l’Office français de la Biodiversité
En Guadeloupe, on retrouve principalement, le python royal, jusqu’à 1m50, et le boa constrictor, qui dépasse les 2m50.
Ces serpents peuvent totalement vivre sous nos latitudes, en revanche, ils représentent un danger pour notre biodiversité.
Ce sont des prédateurs, ils vont attaquer des nids d’oiseaux, manger des oiseaux et d’autres reptiles. À chaque fois qu’on introduit une espèce qui n’est pas originaire d’un territoire ça crée un déséquilibre sur la faune locale.
Anthony Grolleau, chef du service départemental de police de l’environnement de l’Office français de la Biodiversité
Des animaux de compagnie sous réglementation
Ce reptile fait partie des Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) mais la réglementation est précise en la matière : il doit être identifié par puce électronique. Le python royal qui n'est pas venimeux est une espèce régulièrement proposée aux débutants. C'est un constricteur qui fait partie des espèces les plus populaires.
Il convient toutefois de se renseigner et de se mettre en conformité, avant d'adopter toute espèce de ce type. Car c'est aussi un reptile qui tue sa proie en coupant sa circulation sanguine et en l'étouffant.
Le python royal est protégé par la Convention de Washington (Annexe II) et par le règlement européen (annexe B). Au-delà de 3 spécimens, un certificat de capacité est obligatoire.