Violences en Haïti : plus de 1200 meurtres en trois mois alerte l'ONU

Un policier tient un homme blessé lors de violents affrontements entre gangs dans le quartier Carrefour-Feuilles de Port-au-Prince, le 15 août 2024.
Plus de 1.200 personnes ont été tuées entre juillet et septembre en Haïti, une augmentation de 27% par rapport au trimestre précédent dans le pays ravagé par les gangs, selon un rapport de l'ONU qui souligne l'importance du nombre de morts imputées aux forces de l'ordre.

Un rapport de la mission de l'ONU en Haïti dévoilé ce mercredi alerte sur l'augmentation préoccupante des meurtres dans le pays. "1.223 personnes ont été tuées et 522 blessées dans le cadre de la violence des gangs et de la lutte contre ces mêmes gangs ; soit une baisse de 32% par rapport au premier trimestre, mais une augmentation de 27% par rapport au second" révèle le rapport. Entre janvier et mars, 1.660 personnes avaient été tuées, et 945 entre avril et juin. L'aggravation sécuritaire inquiète la mission.

Les gangs et les forces de l'ordre responsables

Si le plus grand nombre de ces morts (47%) sont attribuées aux activités des gangs qui continuent de ravager le pays, un grand nombre est également le résultat d'opérations des forces de l'ordre (45%) et 8% des meurtres sont attribués aux groupes citoyens d'autodéfense qui se multiplient depuis le printemps.
Côté forces de l'ordre, le Binuh évoque 106 "exécutions extrajudiciaires sommaires ou arbitraires", dont six concernant des enfants d'une dizaine d'années.

Des groupes d'autodéfense pointés du doigt

Le rapport souligne également l'augmentation de 40% du nombre d'actes de violences commis par les groupes d'autodéfense ou des membres non organisés de la population, connus sous le nom du mouvement "Bwa Kalé".

Dans ce contexte, au moins 122 individus, soit membres présumés de gangs soit accusés de délits ou de crimes de droit commun, y compris de vol d'animaux ou de téléphone, ont été tués avec une extrême brutalité par la population.

Rapport de l'ONU


Dans le contexte du mouvement "Bwa Kalé", le rapport fait état d'actions particulièrement violentes visant parfois des enfants, avec des victimes mutilées avec des machettes, lapidées, décapitées, brûlées vives ou enterrées vivantes.

L'un des plus violents a été commis (...) le 5 septembre, un garçon de 15 ans, accusé d'avoir volé un cochon, a reçu des coups de machette avant d'être enterré vivant.

Rapport de l'ONU


Avec 170 personnes kidnappées au troisième trimestre, le rapport montre en revanche une "baisse significative des enlèvements de 64% par rapport au premier trimestre et de 60% par rapport au second", mais une persistance de l'usage des violences sexuelles contre les femmes et les filles.