Une décision présentée comme majoritaire. Sur les 36 agents de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Guyane et du CFA présents sur le site de Cayenne ce matin, lundi 6 février, 31 ont signé la lettre ouverte du collectif adressée à la présidente Vernita Blacodon et qui pointe le management et les conditions de travail.
Inquiets pour l’avenir de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Guyane, les salariés dénoncent "des difficultés financières majeures qui résultent de décisions inappropriées se conjuguant à des défaillances administratives."
Ils incriminent la direction actuelle, dont Alexandra Val est la Secrétaire générale et directrice des services.
Vernita Blacodon, la présidente de la Chambre de Métiers nous a informés qu'elle avait entamé des démarches pour une procédure de licenciement. Maintenant, si Mme Val démissionne, c'est parfait
Serge Holder, représentant du collectif des salariés de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Région Guyane (CMARG) et de son CFA
Ce courrier fait suite "aux mesures disciplinaires prises à l’encontre de la secrétaire générale et directrice des services". Cette dernière est en arrêt maladie depuis plusieurs semaines.
« Vernita Blacodon, la présidente de la Chambre de Métiers nous a informés qu'elle avait entamé des démarches pour une procédure de licenciement. Maintenant, si Mme Val démissionne, c'est parfait, affirme Serge Holder, représentant du collectif des salariés de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Région Guyane (CMARG) et de son CFA. Démission ou licenciement, il s'agit avant tout de régler rapidement le problème tout en respectant la procédure. »
Des difficultés financières récurrentes
La crise qui secoue la chambre consulaire n’est pas nouvelle. Déjà en juin 2016, un débrayage avait eu lieu pour dénoncer l’instabilité à la direction du CFA et les fragilités financières.
Depuis deux ans, les comptables de la Chambre de Métiers et du CFA alertent de façon récurrente sur les difficultés. "L’évolution actuelle […] amènent certains à se demander si une déclaration de cessation de paiement peut être évitée, sans le secours des partenaires institutionnels" indique le collectif dans son courrier. Et de détailler la liste des erreurs de gestion reprochées :
- Augmentation « préoccupante » des dettes fournisseurs
- Inquiétudes répétées depuis plusieurs mois quant au paiement des salaires des agents
- Impossibilité pour la structure d’honorer, à ce jour, le paiement des charges sociales.
Alexandra Val répond par le biais de son avocat Michaël Beulque, "qu’elle a pris ses fonctions de directrice générale des services de la CMARG à la fin de l’année 2019, de sorte et qu’elle ne peut pas être tenu responsable des errements et les dysfonctionnements que connaît la CMARG depuis 2016, voir bien avant. Il précise que la gestion financière et notamment l’ordonnancement des dépenses relèvent de la seule compétence de la présidente de la chambre et de son trésorier et que madame VAL n’ayant aucune délégation de signature en la matière “.
Mais les méthodes de management mises en œuvre par le secrétariat général sont sévèrement critiquées par le collectif. Les termes employés sont alors extrêmement durs, preuve de la gravité de la situation : " manipulation", "dénigrement répété", "calomnie", "traitement partial des agents", "encouragement à la délation", …
Sauver une institution
Au regard de ces mots, il semble impossible aujourd’hui de rétablir des conditions de travail apaisées avec la directrice générale. Le collectif accuse encore cette dernière de "communication mensongère concernant la réalité financière". Des informations "qui se sont révélées erronées" ont été adressées aux agents, mais également aux élus.
Les représentants du personnel et les membres du collectif ont ainsi rencontré la présidente de la Chambre de Métiers Vernita Blacodon. "Je soutiens les personnels et agents de la Chambre de Métiers et du CFA, martèle la présidente de la CMARG. Trente-quatre griefs ont été retenus contre la directrice des services, notamment pour incompétence. Ici, nous parlons de gaspillage des fonds de l'État."
Des poursuites en justice
Vernita Blacodon est très amère. Elle accuse Alexandra Val de calomnie auprès de CFA France. " Elle a été jusqu'à déclencher une enquête RPS (risques psychosociaux au travail) à mon encontre. Des représentants nationaux viendront en Guyane dans quelques jours. Je vais leur présenter les documents pour me défendre. Mais cela ne va pas s'arrêter là. Je compte déposer plainte contre Mme Val pour diffamation, abus de confiance et faux en écriture."
"L'important désormais, c'est le vote du budget avant la fin mars", précise Serge Holder. D’ailleurs, une réunion de travail aura lieu demain après-midi, mardi 7 février, avec les représentants de la Préfecture au CFA pour préparer le vote du budget 2023.
Un budget que la présidente, Vernita Blacodon, nous confie avoir refusé de voter sans l'aval des services de l'État.