La nature. Voilà un thème toujours très présent dans les œuvres de Colin Niel, que l’intrigue se déroule en Guyane, en Namibie (Entre fauves) ou dans les Cévennes (Seules les bêtes). Rien d’étonnant lorsqu’on se rappelle qu’avant de vivre de sa plume il a exercé dans le milieu de la protection naturelle, ayant, entre autres contribué à la création du Parc amazonien de Guyane. Lors des échanges avec les lecteurs venus à sa rencontre jeudi à Cayenne, cet aspect des ouvrages de Colin Niel a été évoqué avec notamment l’intervention du naturaliste Maël Dewynter dont les travaux nourrissent le travail de Colin Niel.
L’enfance en danger au cœur de Darwyne et Wallace
Les discussions ont beaucoup tourné autour des échanges, nombreux, qu’a eu l’auteur avec les services de l’aide sociale à l’enfance en Guyane. Car Darwyne et Wallace sont deux ouvrages qui portent en leur cœur cette thématique.
Dans le public, Malika et Hélène relèvent toutes deux de ce service dépendant de la Collectivité territorial et dédié à la protection de l’enfance. En quelques minutes, elles ont dressé un état des lieux et tenter d’expliquer leur rôle et les processus qui amènent parfois, un enfant à entrer dans le système. Avant d'écrire Darwyne et Wallace, Colin Niel a rencontré Malika et Hélène. « Dans ces ouvrages, je voulais parler de l’enfance et particulièrement de la relation entre mère et enfant. Le thème de l’aide sociale à l’enfance m’intéressait. C’était un monde que je ne connaissais pas… Je n’avais pas du tout imaginé qu’il prendrait autant de place dans ces livres. »
Un travail d’enquête avant l’écriture
Pour mener à bien son travail d’auteur, Colin Niel se documente. Beaucoup. Pour Darwyne et Wallace, il a sillonné les routes avec des travailleurs sociaux, rencontré des familles d’accueil.
Je voulais que les lecteurs soient autant immergés dans la forêt que dans ce milieu de la protection de l’enfance. Pour moi, ça allait jusqu’à comprendre leurs problèmes d’ordre syndical
Colin Niel
Ericka, qui a découvert l’œuvre de Colin Niel avec Darwyne a été conquise par la rencontre. « La conférence était en petit comité et était menée par un très bon hôte (Nicolas Ruppli, directeur de la bibliothèque universitaire, NDLR) qui posait des questions pertinentes, ce qui a donné de bonnes orientations à la discussion. Elle n’était pas axée sur les livres en eux-mêmes, mais sur le processus d’écriture. Je suis contente d’avoir eu l’opportunité de savoir un peu mieux ce qui avait amené Colin Niel à écrire et comment il écrivait. J’ai aussi découvert une personnalité curieuse de l'humain et de la nature, ce qui confirme ce que je ressentais dans ses livres. »
La question de la légitimité
Face à un groupe visiblement très au fait de ses ouvrages, Colin Niel est revenu sur sa série guyanaise, avec laquelle il a démarré sa carrière d’auteur. Mais les fans des aventures du capitaine Anato vont devoir se consoler : l’auteur n’a, pour le moment, pas prévu de poursuivre dans cette direction. Aujourd’hui, il est d’ailleurs déjà en train de travailler sur un roman dont l’intrigue ne se déroule pas en Guyane. « Je me pose cette question de la légitimité que j’ai à écrire sur ce territoire alors que désormais je n’y vis plus… »
Cette question de la légitimité à écrire sur la Guyane, il indique se l’être posée particulièrement lorsque, cette année, Darwyne a reçu le Prix carbet des lycéens. Pourtant, en le lisant et en le relisant, on ne peut que se rendre à l’évidence : les lycéens qui l’ont choisi ne se sont pas trompés, Darwyne est un vrai bon roman qui parle de nos réalités amazoniennes. Ils auront sans doute l’occasion de le lui dire : courant 2025, Colin Niel ira à la rencontre des lycéens. Il devrait, par ailleurs, être de nouveau en Guyane en mai, à l’occasion du Mapa Buku Festi, le festival du livre de Maripasoula.
Darwyne et Wallace sont deux personnages auxquels je me suis beaucoup attaché et ils habitent encore en moi
Colin Niel
*Programme des rencontres
Vendredi 6 décembre : de 16h à 18h : librairie du Vieux Bourg, Kourou. De 19h à 21h30 : conférence dédicaces à l’hôtel Ariatel, Kourou.
Samedi 7 décembre : de 16h à 18h : librairie Lettres d’Amazonie, Rémire-Montjoly.