"La SEMOP Agglo’Bus vous informe que le réseau est suspendu depuis hier après-midi à la suite de la continuité du mouvement social illégal mené par les délégués syndicaux". Une nouvelle fois, les usagers de l'unique réseau de transport urbain de Guyane ont reçu ou vu ce message sur les réseaux sociaux.
"Les chauffeurs sont pris à partie"
Les agents sont en débrayage depuis ce mardi 9 janvier. Ils protestent contre "les conditions de travail et les sanctions à tout-va envers les chauffeurs, les menaces écrites, les avertissements, les mises à pied, etc.", explique Steede Virapin, porte-parole des salariés.
Depuis trois ans, les chauffeurs sont pris à partie. Quand on vient au travail, nous avons un stress permanent.
Le porte-parole compte une quinzaine de sanctions (voire une vingtaine) appliquée à l'encontre des conducteurs de bus depuis l'arrivée de la directrice actuelle. Environ 40 employés sont en débrayage, selon ses estimations. Ils dénoncent aussi le manque de dialogue social.
On est toujours dans un dialogue de sourd. Elle (la directrice, ndlr) demande un service minimum. Pourtant hier (au 1er jour du débrayage, ndlr), elle ne s'est pas rapprochée de nous pour en parler. Hier, on aurait pu faire ce service minimum pendant le dialogue mais aujourd'hui, il n'en est pas question.
Steede Virapin, porte-parole des salariés
"Ça fait trois ans qu'elle est ici et ça fait trois ans que le réseau ne cesse de se dégrader", déclare Steede Virapin.
On rappellera néanmoins que de nombreuses mobilisations se sont tenues avant cette période.
Ce qu'en dit la direction
"Je n'ai pas de soucis à discuter avec une délégation, mais on a une obligation de service public. Je leur ai demandé de mettre en place un service minimum", répond Carla Baltus, directrice de la SEMOP depuis 2020. 10 chauffeurs seraient prêts à reprendre du service. "On les en empêche. [Les grévistes] ont menacé d'installer des palettes pour bloquer le passage", la directrice. Elle dénonce "une grève illégale".
Au sujet des revendications :
Ils parlent de conditions de travail sans rien préciser, ils parlent de sanctions et effectivement, il y a eu beaucoup de sanctions ces derniers temps, mais qui dit sanction dit faute.
Carla BALTUS, directrice de la SEMOP Agglo'Bus
La direction cite en exemple le cas d'une personne qui a appliqué son droit de retrait durant une semaine car "elle ne voulait pas conduire de nouveaux bus". Cette semaine a donc été retirée de son salaire.
"À chaque fois qu'on trouve une solution, ils créent un nouveau problème", déplore Carla Baltus.
Le système d'appel d'urgence source de conflit
Si ces nouveaux bus posent problème, c'est parce qu'ils ne sont pas équipés d'un bouton d'urgence. Un équipement à utiliser en cas de problème dont l'inefficacité avait déjà été pointée du doigt lors d'une grève en 2022. Un chauffeur avait été agressé et alors qu'il avait tenté d'utiliser le bouton d'alerte du bus, celui-ci était en panne. Des dysfonctionnements qui avaient été signalés avant cet incident.
En revanche, les conducteurs ont un téléphone pour les appels d'urgence et les bus sont géolocalisés. Des solutions qu'ils jugent insuffisantes. "On avait appliqué un droit de retrait en 2022. Donc elle devait le gérer avant la livraison pour qu'on soit équipé avant. Dès qu'ils seront équipés, on les roulera", s'explique Steede Virapin.
Notez que le mouvement est illimité. Les usagers devront donc prendre leur mal en patience.