Amapa : Election municipale sous haute tension à Oiapoque

Bureau de vote installé à l'université UNIFAP à Oiapoque
Ce dimanche 6 octobre se déroulent dans tout le Brésil, les élections municipales. A Oiapoque, la ville frontière avec la Guyane, le renouvellement du conseil municipal revêt un enjeu particulier, le maire sortant Breno Almeida a été démis de ses fonctions par le tribunal électoral le 1er octobre. Il est soupçonné de corruption.

Dès 8h 00 ce matin, les opérations de vote pour l’élection du maire et de son conseil municipal à Oiapoque. La ville frontière est en ébullition. Quatre candidats pour le poste de maire sont en lice :

  • le maire sortant Breno Almeida du Parti Progressiste,
  • le député fédéral Inacio du Parti Démocratique Travailliste.
  • le délégué (chef de la police) Charles Corrêa du Parti socialiste du Brésil,
  • l’ancienne mairesse Maria Orlanda Marques, du Parti de la sociale démocratie brésilienne.
    En sus, 146 personnes ont candidaté pour être conseillers municipaux.

Cette élection qui ne comporte qu’un tour (c’est le cas pour toutes les villes de moins de 200 000 habitants) s’avère cruciale pour la commune. Oiapoque devrait connaître un essor économique fulgurant dans la décennie à venir basé sur l’exploitation du pétrole.
L’ensemble de la classe politique de l’Amapa, emmenée par le gouverneur Clecio Luis et le sénateur Randolfé Rodrigues, s’est prononcée favorablement pour l’exploitation du pétrole et l’installation dans la région de l’entreprise nationale Petrobras. Les élus attendent beaucoup de la manne pétrolière qui permettrait à cet état considéré comme le plus démuni du nord du Brésil de se développer et de sortir de son isolement.

Un maire sortant empêtré dans les affaires

Ce 1er octobre, le maire sortant Breno Almeida a été démis de sa fonction de maire par le tribunal électoral fédéral. Il avait été interpellé le 28 septembre avec 3 autres personnes. Il avait en sa possession une grosse somme d’argent (99 800 réais) qui a été saisie par les autorités. Elle aurait pu servir à acheter des voix. Almeida a été libéré après avoir payé une caution de 100 000 réais.

Toutefois, selon les derniers sondages effectués, malgré ses ennuis avec la justice, Breno Almeida reste le candidat d’une bonne partie de la population. Il recueillerait 45% des intentions de vote des électeurs. Cela place le maire candidat à sa réélection largement en tête du scrutin. Le deuxième de ce sondage, le député Inacio, obtiendrait 24,8% des intentions de vote. Résidant seulement depuis quelques mois dans la petite ville, il souffre d’un déficit de popularité. Inácio qui est pasteur et enseignant à l’université serait soutenu par le lobby pétrolier. Les deux autres candidats se placent loin derrière, Maria Orlanda, démise de ses fonctions en 2020,  récolte 9,5% d’intentions de vote et Charles Corrêa, 6,6%. Ce dernier venu de Rio do Janeiro implanté dans la région depuis une quinzaine d’années est très connu pour son implication en faveur de la coopération transfrontalière. Il s’était lancé dans la campagne des municipales dès le mois de mars.

Il faut néanmoins attendre la fin du scrutin qui s’effectue électroniquement dans 17 bureaux de votes à Oiapoque pour savoir si ces sondages se révèlent exacts.

Un vote obligatoire qui concerne également les franco brésiliens

Au Brésil, voter n’est pas simplement un droit mais une obligation sous peine d’amende. De nombreux franco brésiliens se sont déplacés ce dimanche pour aller accomplir ce devoir citoyen. Maria S, fonctionnaire territoriale qui habite dans l’Ouest a traversé toute la Guyane pour se rendre à Oiapoque :

« Mes parents vivent à Oiapoque depuis 1984 et je vais régulièrement voter. Je veux du changement et de l’amélioration touristique et économique pour le peuple d'Oiapoque également pour les villages amérindiens. Surtout, je voudrais plus de contrôle à la frontière pour empêcher l’envahissement de la Guyane ! »

La franco brésilienne souligne l’importance des enjeux économiques qui se jouent à Oiapoque pour lesquels, il faut une personne de poigne en mesure de mener un projet de développement pour la commune : « Le maire devra être capable de porter un projet structurant pour la ville pour aider véritablement le peuple. J’ai voté pour le numéro 40 autrement dit le delegado Charles Corrêa, son suppléant est un franco brésilien. Je crois en lui, il mène des actions pour la sécurité transfrontalière. Il a le projet de faire une maison d’accueil pour les femmes maltraitées. Il y a beaucoup de maltraitance des femmes et des enfants au Brésil. ». Le vote sera clos à 17h.

Le vote obligatoire au Brésil

C'est inscrit dans la constitution brésilienne : le vote est obligatoire pour tout citoyen brésilien entre 18 et 70 ans et cela concerne les élections nationales et locales. Les expatriés brésiliens doivent aussi voter ou démontrer qu'ils sont dans l'impossibilité de la faire. Toute personne qui ne vote pas s'expose à une sanction administrative ou pécuniaire. En cas de non-vote à trois élections consécutives, le contrevenant s'expose au retrait de sa carte d'électeur. Ce retrait a des conséquences importantes pour obtention d'un passeport, recevoir de l'argent de l'état ou demander un crédit dans une banque.