L’histoire du spatial guyanais : aux origines, était l’expropriation...

Le Musée de l'Espace à Kourou complètement transformé s'appelle Guyaspace Expérience
Le musée du Centre Spatial Guyanais a fait peau neuve, il s’appelle désormais « Guyaspace expérience ». Un lieu immersif avec une palette de supports multimédia qui projette le visiteur au cœur de l’univers spatial. Mais le passé n’a pas été occulté, et la visite démarre avec l’histoire de l’expropriation des habitants qui vivaient sur les terres choisies pour implanter la base spatiale. Un point historique qui remet à sa juste place un pan controversé de l’aventure spatiale en Guyane.

Les visites ont démarré au mois de juillet à « Guyaspace expérience » ancien Musée de l’espace. Redimensionné, moderne et interactif, l’endroit donne à rêver et retrace sans ennui l’histoire singulière du spatial en Guyane.

La carte qui dresse l'état des lieux entre Guatemala et la crique Paracou des deux enquêtes parcellaires devant servir à l'expropriation des 219 familles qui occupaient la zone

L’un des points forts de cette visite immersive spatiale est l’explication sans fard de l’implantation de la base spatiale en 1964. Une construction qui s’est faite en partie sur des savanes entre Kourou et Sinnamary sur lesquelles vivaient 219 familles paysannes qui ont été expropriées et pour certaines relogées dans les cités appelées "cité du stade "à Kourou comme à Sinnamary.

Pour nombre de ces familles, la blessure de l’expropriation de leurs terres ne s’est jamais refermée.
Lors de l’inauguration de Guyaspace expérience le 2 octobre, l’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira s’est satisfaite de ce travail de mémoire clairement affiché : «  Je pense qu’il était temps que cette histoire entre dans la genèse de l’activité spatiale…  Cela se fait de façon factuelle mais il faut que cela se poursuive. Il y a déjà le livre de témoignages de Juliana Chocho-Dufail et la mémoire orale des personnes qui ont vécu cette expropriation alors qu’ils étaient enfants. Il faudrait maintenant, un travail d’historien qui donne la vraie mesure de cette décision et de ses conséquences. »

Relire : Ô Mayouri : Mémoires des expropriés de Kourou et Sinnamary de Juliana Chocho-Dufail, pour ne pas oublier…

Une collaboration étroite entre le CSG et l’association ACAHCS

Pour assurer le récit de l’implantation de la base spatiale sur fond d’expropriation, il y a eu une collaboration étroite entre le Centre spatial guyanais et les associations de Kourou et de Sinanamary.
Juliana Chocho-Dufail, vice-présidente d’honneur de l’Association culturelle d’animation des habitants de la cité du stade (ACAHCS) a mené un lobbying auprès de la direction du Centre spatial guyanais pour que l’histoire des expropriés de Kourou et de Sinnamary figure dans le nouvel outil :
« Il y a eu une vraie collaboration avec les cheffes de projet du CSG pour que nous ayons une visibilité dans ce nouveau musée Guyaspace expérience. Il était nécessaire de rétablir l’entière vérité car souvent dans les interviews et autres documentaires concernant l’histoire de l’implantation de la base spatiale, il était dit qu’au début du spatial ces terres étaient inoccupées. »

Un mémorial à la cité du stade de Kourou en 2025

Actuellement deux associations de Kourou et de Sinnamary travaillent à ce que ne soit jamais oubliée l’histoire de cette période.
L’ACHACS continue son travail avec le CSG pour que des actions menées pour la réhabilitation des logements de la cité du stade afin de permettre un mieux-être des habitants. Pour Julianna Chocho, il faut aller plus loin.
L’année 2025 marque les 60 ans de ce déplacement de population, l’association prévoit à cet effet un mémorial qui, précise Xro Zulémaro actuel président de l’ACHACS :
« Nous avons en projet avec le CSG de pouvoir créer un mémorial au sein de la cité du stade de Kourou qui va permettre de relater tous les évènements qui ont eu lieu depuis la période de l’expropriation pour la base spatiale. Ce mémorial va comporter des objets, des livres, des photos, des récits. Nous organiserons des événements pour que les gens n’oublient pas ce qui s’est passé. »
Les études pour la réalisation du projet sont en cours, Xro Zulémaro espère que ce mémorial pourra être inauguré dans le courant du deuxième semestre 2025.