Décès d’Alexis Tiouka, défenseur des droits autochtones

Alexi Tiouka dans l'un de nos émissions "Club Hebdo"
Alexis Tiouka, juriste renommé en droit autochtone et ancien élu d'Awala-Yalimapo, est décédé à l'âge de 64 ans à Montpellier. Il laisse un héritage fort en tant que défenseur des peuples amérindiens à l'ONU et fondateur de la Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane.


La triste nouvelle du décès  d'Alexis Tiouka à Montpellier, ce 4 décembre, suite à une longue maladie, a ébranlé la communauté des droits autochtones. Juriste de 64 ans, Alexis Tiouka était non seulement une figure incontournable dans la lutte pour les droits des peuples autochtones mais aussi un acteur politique engagé dans sa commune natale d'Awala-Yalimapo, en Guyane.

Il fut élu lors de la première mandature du conseil municipal sous la direction de l'actuel maire Jean-Paul Féreira, une période pendant laquelle il a grandement contribué au développement et à la défense des intérêts de sa communauté. Bien qu'il ne soit plus en fonction, l'impact de son travail politique local continue de résonner.

En tant que membre fondateur de la Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane, Alexis Tiouka a joué un rôle déterminant dans l'unification des efforts pour les droits des peuples autochtones. Son expertise juridique et son engagement indéfectible ont été essentiels pour renforcer le mouvement au niveau local et international.

Petit guerrier pour la paix de Alexis Tiouka et Hélène Ferrarini

Représentant avec ferveur les Amérindiens de Guyane française, son influence a été cruciale lors des débats sur les droits des peuples autochtones à l'ONU dans les années 1990-2000. Sa voix puissante a contribué à l'avancement des droits des peuples autochtones sur la scène mondiale.

Au-delà de son combat pour la cause autochtone, Alexis Tiouka avait une passion pour le tambour créole, initié par un maître du tambour, Réno Cippe. Cette expérience l’a conduit à s'intéresser aussi au Sanpula, un tambour amérindien, sous la tutelle d'un autre grand maître Kali’na, Jean Appolinaire. Son dernier vœu pour la culture était de participer pour une dernière fois à la nuit du Sanpula, un souhait qu’il a pu réaliser, témoignant de son amour profond pour les traditions culturelles.

Alexis était un élève exceptionnel, et je garde en mémoire le tambour créole que je lui avais fabriqué spécialement. Cette passion commune pour la musique a renforcé notre amitié. Sa disparition me touche profondément. Il portait en lui de nobles intentions pour la valorisation de la culture guyanaise, et son engagement dans ce domaine était sincère et profond.

Réno Cippe - Professeur de Tambour

 

La perte d'Alexis Tiouka est ressentie profondément par la communauté autochtone et les défenseurs des droits de l'homme. Son héritage, imprégné de sa passion pour la justice et la défense des droits, inspire et continuera d'inspirer les générations futures. Son parcours remarquable, à la fois en tant que juriste, militant et politicien local, témoigne de son engagement inébranlable envers les droits des peuples autochtones.

Alexis Tiouka, un activiste amérindien, jouant du tambour traditionnel accompagné d’anciens résidents des pensionnats autochtones

Le député de la 1ère circonscription, Jean-Victor Castor a été le premier élu de Guyane à s'exprimer sur ses réseaux sociaux sur le décès de celui qui était pour lui un ami, un solide compagnon de parcours et ... " Alexis est une référence militante, un avant gardiste, un rigoureux juriste, mais aussi un très grand humaniste doué d’une humilité hors du commun"

Le président de la Collectivité territoriale, Gabriel Serville a, également, rendu hommage à Alexis Tiouka : "C’est une figure de l’histoire du territoire qui s’en est allée aujourd’hui. Alexis Tiouka partageait l’histoire des amérindiens avec fierté et avec une volonté de transmission, de protection de leurs modes de vie traditionnels et de respect de leurs droits. Sa disparition représente une grande perte pour notre territoire."

Voir aussi :
Ô Mayouri : " Petit guerrier pour la Paix" de Alexis Tiouka et Hélène Ferrarini - les racines de la lutte amérindienne