Vaccination : la Guyane accuse d'importants retards

L'étude Santé Publique France a été publiée ce lundi 22 avril.
Une étude de Santé Publique France, publiée ce 22 avril, révèle des écarts importants de vaccination entre la Guyane et l’Hexagone, liés à une faible offre de soins et au manque d'information. Les taux sont particulièrement bas pour la Covid-19, le méningocoque B, le rotavirus et la grippe pour les adultes.

L’étude de Santé Publique France a été publiée ce lundi 22 avril, premier jour d’une campagne de sensibilisation appelée « Semaine européenne de la vaccination ». En Guyane, les affiches quatre par trois font la promotion de cet évènement, non loin, bien souvent, de tags « antivax », notamment contre le vaccin de la Covid-19.

Symptôme d’une méfiance envers les autorités sanitaires, le vaccin contre la Covid-19 n’a pas fait l’unanimité sur le territoire. Au 1er janvier 2023, on ne comptabilisait que 29,9% de taux de schéma vaccinal terminé en Guyane – taux le moins élevé de France – contre 78,7% sur le territoire national, selon les données publiées par l’Assurance maladie.

Les écarts sont assez importants concernant d’autres vaccins, faisant pourtant moins polémique. C’est le cas pour le rotavirus, responsable de gastro-entérites aiguës chez les nourrissons et jeunes enfants. Le taux de vaccination est de 3,4% en Guyane, contre 30,9% pour la France entière.

Pour le méningocoque B, une bactérie pouvant entraîner des méningites ou septicémies, la couverture vaccinale d’au moins une dose à 8 mois est de 28,9% en Guyane, contre 74,7% pour la France entière.

Le vaccin contre la grippe des adultes, dont l’objectif est d’atteindre 75% de vaccination pour les personnes à risque, ne semble pas plus convaincre la population guyanaise. 14,9% des plus de 65 ans sont vaccinés en Guyane, pour 54% dans la France entière.

Toutefois, si ces différences sont notables, ces données sont très certainement sous-estimées ; les centres de prévention maternelle et infantile, réalisant la majorité des vaccinations des nouveau-nés, ne fournissant pas leurs données actuellement, faute de logiciel. Raison pour laquelle les données concernant les vaccins contre la rougeole, le pneumocoque, les DTP, ne sont pas indiquées dans cette enquête.*

Faute d’informations ?

Ce faible taux de vaccination est d’abord le fait d’une offre de soins très faible sur le territoire guyanais. Les personnels médicaux et paramédicaux y sont deux fois moins nombreux, comparé à la moyenne nationale, selon un rapport publié en 2021.

Signe de l’absence de ce personnel, les vaccinations des nouveau-nés se font majoritairement dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI), financés par la CTG, plutôt que chez les médecins libéraux. De même, les adultes sont le plus souvent renvoyés vers les centres de la Croix-Rouge ou, depuis peu, vers les infirmiers pour ce type d’actes.

« Il y a un besoin d’information sur les recommandations actuelles. Pour cela, nous fonctionnons avec les opérateurs sur le terrain pour aller vers la population et transmettre l’information », explique Louise Vuylsteker, responsable santé sexuelle et vaccination à l’ARS.

11 vaccins sont obligatoires pour les nouveau-nés depuis 2018.

Semaine européenne de la vaccination

Un manque d’accès à l’information auquel tente de répondre la Semaine européenne d’accès à la vaccination. Cet évènement, organisé chaque année, tente de promouvoir la vaccination pour éviter les risques épidémiques. Des vérifications des carnets et campagnes de vaccination sont organisées toute la semaine dans les PMI de Guyane. L’ARS a aussi organisé des actions « d’aller vers » dans certains quartiers, comme celui de Sablance à Macouria, pour vacciner la population.

Une opération qui semble fonctionner, à en croire Raymonde Egalgi, responsable de la PMI Ronjon à Cayenne. Son centre participe tous les deux ans environ à cette campagne de sensibilisation. « Pour certains vaccins, cela nous permet de rattraper le retard », affirme-t-elle. Dès demain, le personnel de ce centre sera dédié à ces journées portes ouvertes qui feront, peut-être, remonter les taux de vaccination en Guyane.

*L’ARS nous a indiqué travailler sur une enquête de couverture, réalisée avec les PMI et Santé Publique France, qui sera publiée courant 2025.