Si vous avez eu l’occasion de vous rendre à Bélem sur le grand marché du Vero Peso, dans les boutiques de produits locaux, dans les supermarchés vous avez sans doute vu, voire acheté et bu « Le café de Açaï » présenté dans de simples sachets transparents ou dans de beaux packagings. Il existe de multiples marques.
Dans ces sachets de 250g, du wassaï moulu et torréfié se présentant comme du café d’autant qu’il en a presque la couleur. Ne vous méprenez pas, il n’est pas fabriqué à partir de la pulpe wassaï mais bien de la fève qui a été broyée, moulue assez grossièrement et torréfiée.
La poudre obtenue peut s’utiliser dans une cafetière classique à filtre avec de l’eau chaude, mais certaines marques conseillent de l'eau chaude directement sur la poudre. Cela donne un breuvage de la couleur d'un café allongé mais au goût peu marqué ne ressemblant en rien à celui du véritable café.
Une appellation qui ne convainc pas tout le monde
Dave Drelin, le PDG de Yana Wassaï l’usine de transformation de fruits d’Amazonie dont le fameux wassaï n’est pas convaincu par ce « café » :
Cela me semble une démarche marketing, je me suis procuré cette poudre et vais la faire analyser. Un précurseur sur l’aménagement et la transformation du wassaï m’a donné son point de vue sur ce produit. Les brésiliens ne connaissent pas le café décaféiné qui n’existe pas au Brésil, donc ils mélangent le wassaï torréfié moulu avec du café pour diminuer la dose de caféine. Puis ce produit est apparu. Je ne suis pas convaincu. La poudre est fabriquée uniquement à partir du noyau de la baie.
La composition est bien sûr indiquée sur les notices explicatives ainsi que la liste des bienfaits attribués à ce « café ». Ainsi, la consommation de ce café antioxydant et riche en fer entre autres nutriments est recommandée pour lutter contre le diabète, l’hypertension, pour faire baisser le cholestérol… une longue liste de vertus est associée en général à cette baie.
Mais dans le Para, ce nouveau dérivé appelé « Café de Açaï » ne fait pas l’unanimité nous indique Philippe Biron, chef d'entreprise et ancien conseiller technique au gouvernement de l'Amapa : "L’association des producteurs de café est montée au créneau pour dénoncer ce qu’elle qualifie d’appellation mensongère et a porté plainte. Il se pourrait qu’un autre terme soit utilisé à l’avenir. Les discussions tournent autour du mot « chà » qui désigne couramment le thé mais qu'en Europe on assimile plutôt à une infusion."
La commercialisation de ce café de açaï qui n’en est pas un (il ne contient pas de caféine) tend à se développer en Amazonas, au Para mais également en Amapa sous forme industrielle ou artisanale.
Parmi les artisans qui se sont lancés sur ce marché figure l’ancien gouverneur de l’Amapa, João Alberto Capiperibe qui développe des activités touristiques de découverte des produits amazoniens et fabrique dans sa posada du café de açaï mais aussi du « vin de acaï ».