Vague de violence dans les établissements scolaires de Guyane : quel est le positionnement des associations de parents d’élèves ?

Violence dans les établissements scolaires de Guyane
Depuis la rentrée on constate une augmentation des faits de violences avec armes dans et devant certains établissements notamment à l’ouest de la Guyane. Une situation explosive qui a fait réagir, les syndicats, le rectorat, les autorités et avec un léger décalage les associations de parents d’élèves, la Fapeg (Fédération autonome des parents et étudiants de Guyane) et la Peep (Association des Parents d’Elèves de l’Enseignement Public). Qu’en est-il de leur positionnement ?

La récente affaire sur le simulacre de prise de drogue filmée par des lycéens à Kourou a soulevé une vague de protestations de la population. La vidéo avait été relayée sur les réseaux sociaux. Des professeurs syndiqués sont montés au créneau pour alerter fortement sur la nocivité d’un tel message auprès des jeunes. Aline Charles, professeur dans l’établissement concerné a souligné que les parents ont aussi leur pleine part dans la prise en charge scolaire, malheureusement au lycée Elie Castor, ils sont absents :

« Il faut que tout le monde se sente concerné, on ne va pas y arriver si les enseignants et les équipes éducatives ne se saisissent pas de ce phénomène de violence. Cette violence se fait à tous les niveaux sur le territoire comme dans la vidéo qui a été diffusée. Et la question des parents est centrale, je suis dans un lycée polyvalent qui accueille plus de 1400 élèves et depuis 2 ans, il n’y a aucun représentant des parents. Après la diffusion de cette vidéo il n’y a même pas un parent qui est venu au renseignement pour savoir ce qui se passe et voir dans quelles conditions d’enseignement se trouvent leurs enfants… »

En début de semaine des agressions violentes ont eu lieu à Mana et Saint-Laurent. L’enseignante pose la question : est-ce que l’école est toujours sacrée et a ce  rôle de transmission de l’apprentissage des connaissances où est-ce que l’école publique est un dépotoir ?

Elle ne comprend pas l’indifférence des parents, le silence des associations et s’interroge sur l’avenir d’une jeunesse sous encadrée et pratiquement livrée à elle-même.

Cette déclaration a été recueillie le 19 octobre. Les associations de parents d’élèves se sont exprimées depuis mais elles paraissent bien démunies.

Des associations de parents d'élèves qui peinent à rassembler

Elles aussi s’insurgent contre cette brutale accélération des faits de violence dans certains établissements scolaires et appellent à un sursaut collectif.

STOP ! dit la Fapeg qui apporte son soutien à la communauté éducative, alerte sur la surpopulation scolaire, le manque de moyens humains formés et de matériels adéquats… souligne … les phénomènes de bandes rivales dans les quartiers, de gangs, le trafic d’armes et de drogues, conjugués à la précarité de nombreuses familles qui fragilisent la cohésion sociale…  

 

La présidente de la Fapeg, Aïssatou Chambaud reconnait qu’il est encore difficile de mobiliser les parents et parfois même les chefs d’établissements. Les enjeux ne sont pas toujours compris comme il le faut et plus on s’éloigne du littoral plus cela devient difficile. Toutefois, selon elle, les parents ne sont pas démissionnaires, ils interrogent par mail, via les réseaux sociaux même si l’organisation sur le terrain n’est pas optimale. De plus les élections des parents d'élèves viennent de se dérouler, toutes les équipes ne sont pas encore en place.
Sur ce problème de violence, Aïssatou Chambaud prône :
« ... une approche systémique, les solutions ne sont pas qu’au sein de l’établissement … le renvoi définitif ou temporaire de l’élève n’est pas la solution. Il y a des fois où l’on ne peut pas maintenir les auteurs de fait dans l’établissement pour protéger les autres élèves mais même s’ils sont renvoyés, il faut mettre autour d’eux des dispositifs… Peut-être pourrait-on solliciter la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) pour déployer un dispositif qui prenne en charge ces enfants et de façon concertée pour ne pas amplifier le phénomène d’errance et de délinquance. On doit partir d’une réflexion commune… De même il doit y avoir une prise en charge des victimes qui aille au-delà de la cellule d’écoute… »

Et de rappeler qu’il existe des dispositifs comme, par exemple, les mesures de responsabilisation (les faits ne doivent pas relever du pénal), la médiation par les tiers…   

Aïssatou Chambaud déplore que la Fapeg n’ait pas été sollicitée pour  la réunion de crise qui s’est tenue à Saint-Laurent le 19 octobre lors du déplacement du recteur de Guyane.

A noter que sur le dernier mandat écoulé, la Fapeg était représentée dans 90 établissements, l’académie en compte 222 pour plus de 41 000 élèves.

La PEEP a aussi réagi à cette montée de la violence dans le milieu scolaire en publiant un communiqué ce 20 octobre. La présidente, Nadine Colin condamne ces actes de violence à répétition et apporte son soutien au personnel de l’éducation national en droit de retrait. Elle propose que soient activés les COTECH Violences Scolaires à travers le dispositif CLSPD des communes. La fédération souhaite y être associée annonce aussi une rencontre avec TOUS les parents de Guyane.


Ce 21 octobre, s’est déroulée au lycée Elie Castor, une opération de fouilles aléatoires en présence du recteur, Philippe Delbelcco. Heureusement, ni drogue, ni arme n'ont été trouvées.