Depuis la rentrée du 7 novembre 2022, une trentaine d'enseignants exerçant dans le Haut-Maroni sont retenus à Cayenne. La voie aérienne est la seule liaison directe entre ces communes (Papaïchton et Maripasoula) et Cayenne. Mais actuellement, les avions d'Air Guyane ne peuvent pas décoller, ni atterrir sur la piste de l'aérodrome provisoire de Maripasoula. Les mauvaises conditions météorologiques sont à l'origine de cette suspension de vols.
La solution de la pirogue finalement acceptée
Lundi après-midi, les enseignants se sont rendus au Rectorat pour trouver une solution. Une option s'offrait à eux : rejoindre Grand Santi par avion, puis gagner Maripasoula et Papaïchton par voie fluviale. Une proposition d'abord refusée, qu'ils ont fini par accepter. Au 8 novembre "l'immense majorité des enseignants sont rentrés", affirme Philippe Dulbecco, le Recteur de Guyane sur nos antennes. Sur les 400 enseignants qui exercent du côté du Maroni, une trentaine seraient coincés.
Craintes et tensions pour les enseignants
Parmi eux, Sabrina*. Originaire d'une commune du littoral, elle a des proches sur place, dont ses enfants. L'enseignante s'y est rendue pour les vacances de la Toussaint. Pour retourner sur son lieu de travail, elle va emprunter la voie fluviale. "Je vais retourner sur Maripasoula avec cette crainte, une boule au ventre sur le long du trajet", confie-t-elle. Selon l'enseignante "il est bien connu que ce fleuve n'est pas navigable". Elle poursuit :
D'ailleurs, au mois d'août, un monsieur bien connu - qui transporte du gaz - est décédé sur ce fleuve... Donc moi j'ai peur.
Sabrina, enseignante
Sabrina s'inquiète aussi pour les courses qu'elle a faite et qu'elle risque de ne pas pouvoir ramener à Maripasoula, cela représente près de 40 kg de provisions, nous dit-elle. L'enseignante a déjà perdu des denrées alimentaires lors des coupures de courant qui ont entrainé la mobilisations des Maripasouliens. Cela pourrait bien se reproduire, plusieurs habitants de la commune sont concernés par ces nouvelles pertes alimentaires.
Pour cette rentrée, l'enseignante à une autre crainte. Depuis le début des mouvements de grève à Maripasoula, des tensions existeraient entre les locaux et les personnes venus du littoral. "Ils ont l'impression qu'on se fait passer pour des victimes, explique Sabrina, parce qu'on se plaint de certaines situations qu'on vit sur place et qui sont inédites pour nous". Elle ajoute : "là, dans cette nouvelle situation, ils pensent que nous ne voulons pas revenir et que l'on trouve des prétextes". L'enseignante assure, pourtant, que ces mobilisations serviront à tous.
"Les écoles et les collèges du Maroni sont ouverts"
Pour finir, notez que Rectorat de Guyane affirme que "toutes les écoles et les collèges du Maroni sont ouverts" et que les différents organismes impliqués "mettent tout en œuvre afin d’organiser des rotations en pirogue après l’acheminement par avion à Grand Santi des enseignants qui n’ont pas encore pu rejoindre leur lieu d’affectation".
*Le prénom a été modifié.