"La situation financière de la province des Îles est assez critique", a déclaré le président Jacques Lalié en préambule. Tous les secteurs sont touchés, mais les débats se sont attardés sur la santé, poste de dépense important de la collectivité. Parmi les sujets abordés : le manque de médecins, le non-paiement des factures qui contraint certains prestataires à fermer leur entreprise, ou l'arrêt des évacuations sanitaires médicalisées depuis le Médipôle.
Concernant ces dernières, elles ne sont plus assurées entre les îles et la Grande Terre depuis le 1er septembre. Une décision du Médipôle motivée par le départ de plusieurs médecins urgentistes. "Les évasan sont gérées par le CHT sur diagnostic du médecin, expliquait Jacques Lalié en fin de semaine dernière. Et comme on essaye de travailler avec nos médecins urgentistes, qui sont moins nombreux, on ne peut plus assumer les maladies graves puisque toutes nos dépenses concernent des gens qui relèvent de l'aide médicale. À partir du moment où c'est la Nouvelle-Calédonie qui commende les évasan, il faut qu'elle les prenne en charge."
Le reportage de Clarisse Xowié Watue et Nicolas Esturgie :
Plus de bon de transports
Pour limiter les dépenses de fonctionnement, certaines mesures ont été prises, comme la suppression de l'aide au transport dont bénéficient les titulaires de l'aide médicale. "Cela fait déjà trois mois qu'on a baissé nos indemnités, précise Isabelle Bearune, élue UC-FLNKS. On continue à baisser les aides qu'on attribue aux associations. Il y a aussi des projets de réforme, sur l'aide médicale et les bons de transports. Nos populations utilisent déjà la continuité territoriale, du coup c'est un doublon et cette solidarité n'a plus lieu d'être."
Depuis 2012 en effet, les résidents des Loyauté relevant de l'aide médicale gratuite ont droit à une aide financière qui s'applique pour les voyages aller et retour du lien de résidence à leur lieu de séjour sur Nouméa. Chaque année, les bons de transports représentent environ 200 millions de francs dans le budget de l'institution. Depuis début 2024, ils n'étaient plus versés faute de moyens. Charles Washetine regrette la décision de les supprimer. L'élu du Palika a expliqué que cela "pénalisait la population défavorisée". Il a rappelé que "61% des Loyaltiens bénéficient de l'aide médicale gratuite".
Adoption du budget supplémentaire
Les deux élus du Palika sont restés sur leur position : comme pour le budget primitif, ils se sont abstenus. C'est le cas de Wali Wahetra, qui s'en explique. "On a parlé de [l'hôtel] Wadra Bay qui est une opération très compliquée en matière budgétaire et qui grève la trajectoire financière de la province des Îles. Donc il y a tout un tas de raisons pour lesquelles nous nous sommes abstenus, pour continuer à alerter l’exécutif sur la gestion financière de notre province."
Les élus de la majorité qui se sont opposés au budget primitif, ont cette fois apporté leur soutien. Ce mardi matin, Mathias Waneux, élu UC, a interpellé l'assemblée : "On souhaite que des réformes soient faites pour qu’on amène nos populations à se relever. Il faut qu'on arrête de vivre au dessus de nos moyens", a-t-il ajouté. L'élu d'Ouvéa a déclaré que cette fois, il soutiendrait le président "jusqu'au bout. Il faut qu'on reste solidaire face à cette crise". Le budget supplémentaire a été adopté par les élus.