La Société Protectrice des Animaux (SPA) de Martinique et la fourrière sont au cœur d’une polémique. Accusées de "cruauté et maltraitance envers les animaux", elles font l’objet d’un signalement déposé par la Confédération Nationale de Défense de l’Animal (CNDA) auprès du parquet de Fort-de-France.
Sept associations de protection animale se sont rassemblées samedi 7 décembre devant le refuge de Carrère. Elles dénoncent des pratiques révélées la semaine précédente, et notamment l’utilisation supposée de dioxyde de carbone pour euthanasier des animaux et des interventions qui seraient pratiquées sans anesthésie.
"Plus de 5500 animaux euthanasiés chaque année"
Chaque année, environ 5 000 animaux sont recueillis en Martinique. Mais selon les associations, plus de 5500 seraient euthanasiés. Un chiffre qui alarme.
On est sur l’argent des impôts. C’est-à-dire que les mairies et les EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) donnent des centaines de milliers d’euros pour tuer des animaux dans des conditions cruelles et illégales. Cette chambre à gaz utilisée sans endormissement, c’est une barbarie. Et je refuse que mes impôts aillent à la mort. Il est temps de construire des structures adaptées et d’appliquer une véritable politique de protection animale.
Julie Bessard, membre de l’AMDAC (Association Martiniquaise de Défense des Animaux de Compagnie)au micro de Cécile Marre et Aurélien Février
Un autre manifestant appelle quant à lui, à la responsabilité collective.
Cette histoire, elle est dramatique à plusieurs niveaux. D’abord parce qu’il y a des souffrances inhumaines et inutiles qui sont infligées à ces animaux, puis deuxièmement le fait qu’il y ait autant d’animaux à euthanasier. Il faut sensibiliser la population à la stérilisation pour éviter d’en arriver là. N’abandonnez pas parce que sinon vous êtes complices de ces atrocités.
Un manifestant
"Impossible de tous les garder"
Cette mobilisation intervient alors que la SPA/Agepam tenait son assemblée générale. Si l’association n’a pas souhaité être filmée ou même réagir publiquement, Delphine Gilles, présidente de l’ordre des vétérinaires de Martinique, rappelle l’ampleur du problème.
La fourrière accueille jusqu’à 50 animaux par jour. Ce sont des animaux errants, blessés ou dangereux. Avec de tels chiffres, il est impossible de tous les garder.
Delphine Gilles, présidente de l’ordre des vétérinaires de Martinique
Face à ces accusations, Jean-Charles Fombonne, président de la SPA nationale, rappelle que les euthanasies ne sont pratiquées qu’en dernier recours. Rappellons que la SPA nationale, dont le siège est situé à Paris, n'a aucun lien avec la SPAM.
La SPA nationale pratique l’euthanasie pour les animaux en phase terminale, en souffrances, ou atteint de maladies incurables. Sur 46 000 animaux recueillis l’an dernier, moins de 1 000 ont été concernés, soit une dizaine par refuge.
Jean-Charles Fombonne, président de la SPA nationale
Un hommage aux animaux disparus
Pour les associations, ce rassemblement était aussi un moment de recueillement.
Nous rendons hommage aux animaux décédés avec une minute de silence. C’est une façon de montrer notre soutien et de rappeler que nous ne les oublions pas.
Magalie Roussel, membre de Chyen fè Matinik
Cette affaire relance le débat sur la gestion des animaux abandonnés en Martinique. Entre la nécessité de mieux organiser les structures d’accueil et l’appel à la responsabilité collective pour réduire les abandons, les associations réclament des solutions concrètes pour améliorer la condition animale sur l’île.