"Si Monsieur Conconne ne vient pas à nous, c'est nous qui viendrons à lui." Ces quelques mots reflètent bien l'exaspération des grévistes des Vedettes Tropicales. Depuis plus 10 jours (26 février), ils tiennent un piquet de grève devant leur entreprise située au Quai Ouest à Fort-de-France.
100% du personnel est en grève. Du matelot au capitaine, ils se relaient en attendant de rencontrer leur patron. L'ambiance est tendue, même si les parties de dominos s'enchaînent pour faire passer le temps.
Aujourd'hui, nous sommes en droit de grève après avoir alerté depuis de nombreux mois sur notre situation. Nous perdons de l'argent sur notre salaire et nous sommes déterminés. Nous demandons le respect du Code du travail.
Lévy Lecolas, Syndicaliste CGTM, Marin Polyvalent
Un médiateur pour négocier
Le personnel est à quai, comme les navires qui sont amarrés de l'autre côté du piquet de grève. Des navires sans vie. Certains en panne depuis des semaines.
Les usagers aussi sont exaspérés de l'absence de négociations entre les parties. Ils sont environ 500 000 par an à utiliser les Vedettes Tropicales. Désormais, leurs représentants font corps avec les grévistes pour exiger des négociations.
Nous sommes très surpris de l'absence de médiateur dans ce conflit. On veut que Martinique Transport, l'autorité délégatrice, joue son rôle. Nous l'avons mise en demeure avec un courrier pour qu'elle intervienne. Il faut que cela cesse !
Serge Sainte-Rose, Président des associations des transports maritimes
Les salariés des transports terrestres sont solidaires
Les salariés en grève des Vedettes Tropicales ont aussi reçu le soutien des représentants de la Régie des Transports, ceux en charge, entre autres, du BHNS. Ils fustigent l'attitude du patron des Vedettes Tropicales. Jean-Pierre Marcelin, délégué syndical, « demande à Martinique Transport de prendre ses responsabilités pour sortir de ce conflit ». Il laisse planer un mouvement de solidarité de type « droit de retrait » qui paralysera le trafic des BHNS. Selon lui, les salariés de ce transport terrestre sont aussi en souffrance. "Les actes d'incivilités se multiplient, et le trafic des BHNS est à flux tendus".
Pas de fin de conflit à l'horizon
Tout comme les grévistes, les usagers souhaitent également que l'État, représenté par la Direction du Travail, provoque une rencontre entre les parties. Un courrier a aussi été envoyé en ce sens à cette autorité depuis le début du conflit. Il est resté sans réponse, selon les grévistes. Tout comme leur demande de justificatifs de l'utilisation des fonds alloués au fonctionnement de l'entreprise pour assurer la délégation de service public (DSP) du transport maritime.
Selon eux, contrairement à ce qu'il affirme, Charles Conconne, le patron des Vedettes Tropicales, "a les moyens de négocier".
Cette nouvelle journée de grève ne semble pas annoncer de changements de position entre les deux parties. Faudra-t-il attendre 4 mois, la fin de la DSP et un nouveau repreneur pour revoir les navires et le personnel en fonctionnement ? À qui véritablement profite cette situation de blocage ? Certainement pas aux usagers qui viennent grossir ces temps-ci le flux du trafic routier