Démission des maires en cours de mandat, une tendance qui touche aussi les élus de Martinique

L'écharpe tricolore de maire
Cumul des mandats, raréfaction des finances publiques, incivilités ou raisons de santé, sont les principales causes qui occasionnent le retrait des édiles de France avant la fin de leur mandat. En avril 2023 selon le ministère de l’intérieur, "1293 maires" étaient démissionnaires après les élections de juin 2020. Cette propension à jeter l'éponge est aussi une réalité en Martinique.

D’après le site publicsenat.fr, entre 2014 et 2020, "le nombre de départs en cours de mandat a été gonflé par l’application de la loi sur le non-cumul des mandats en 2017". Pour la mandature précédente de 2008 à 2014, "le nombre de démissions volontaires s’élevait à seulement 717".

Depuis 2020, la tendance se poursuit pour des raisons multiples et la Martinique n’est pas épargnée. Mardi 11 juin 2024, Georges Cléon, le maire du Vauclin a décidé de passer la main, après 24 ans à la tête de la municipalité, mais aussi à cause d’une santé fragile.

Un homme politique ne doit pas attendre d'être en incapacité physique ou intellectuelle pour faire la place à la relève et à la jeunesse".

Georges Cléon

Quelques semaines auparavant, son collègue Ralph Monplaisir de Case-Pilote a lui aussi décidé de passer le flambeau à "quelqu'un de sérieux" avant 2026, l’année de ses 78 ans.

J'ai démissionné parce que j'avais prévu ça depuis 2020. J’ai cherché quelqu'un de sérieux qui puisse me remplacer en 2026 (…). J'ai trouvé la personne. Si elle ne m'avait pas fait plaisir, je serais resté jusqu'au bout, je me serais même peut-être représenté. J’ai souhaité que quelqu’un ait le temps de s’installer dans le fauteuil et soit connu de la population, pour continuer le travail que nous avons mis en en route, mes collègues et moi.

Ralph Monplaisir

78 ans, c’est l’âge auquel Alfred Monthieux, alors patron de la municipalité du Robert, a jeté l’éponge en 2023 pour des raisons de santé lui aussi après 26 ans aux commandes, car le pouvoir use.

Parmi les autres facteurs qui poussent les élus municipaux à la démission, il y a les contraintes budgétaires, en particulier la réduction des finances publiques, alors que les attentes des administrés sont croissantes.

Les difficultés dans la vie du mandat se conjuguent bien souvent. Des marges de manœuvre réduites, des "injonctions contradictoires" : ces critiques reviennent régulièrement dans les remontées de terrain et les discours de l’AMF [Association de Maires de France] depuis le scrutin municipal de 2020. "C’est le mandat de tous les dangers, avec la réduction des ressources, la crise sanitaire, et maintenant la crise énergétique et l’inflation". Certains se disent : "je n’ai pas été élu pour faire de la gestion contrainte".

publicsenat.fr

Le symbole de la République flotte sur le frontispice des mairies.

Violences envers les élus : le gouvernement réagit

Chaque jour, ces femmes et hommes politiques s’investissent sans compter pour leurs territoires. Ils se battent pour trouver des solutions et améliorer le quotidien de leurs administrés. Ils sont en première ligne face à tous les défis et leurs responsabilités sont accrues.

Leur engagement est essentiel. Il inspire la reconnaissance et le respect. Pourtant, trop souvent, les élus sont menacés et parfois agressés. S’en prendre à un élu, c’est s’en prendre à la République. Ce n’est pas acceptable.

Élisabeth Borne, Première ministre

(déclaration en mai 2023)

Fort de ces constats, le gouvernement a initié en juillet 2023, un "plan national de prévention et de lutte contre les violences aux élus".

Parce qu’aucun élu ne doit se sentir seul et non-accompagné face aux violences qu’il peut subir, le Plan permettra de renforcer la protection des élus et d’envoyer un signal fort à tous ceux qui s’en prennent à nos représentants locaux : la République fait et continuera de faire bloc autour d’eux.

Gérald Darmanin ministre de l’Intérieur et des Outre-mer

(mai 2023)

Face à l’ampleur du phénomène qui touche en particulier les premiers magistrats (menaces, injures, agressions, harcèlement...), une loi découlant de ce Plan visant à "renforcer la sécurité et la protection des maires et des élus locaux" a été promulguée le 21 mars 2024.

Reste à savoir si ces mesures seront de nature à susciter de nouvelles vocations en 2026 pour gérer les affaires communales, d’autant que le vieillissement des maires est par ailleurs un fait avéré.

L’âge moyen des maires lors de leur élection en 2014 était de 58,7 ans, et la catégorie des 60 ans et plus y représentait 52,5 %.

banquedesterritoires.fr