La coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer, a entamé une visite de 3 jours en Martinique (du 27 au 29 septembre 2023). Justine Bénin doit dresser "un état des lieux", lequel fera l'objet d'un pré-rapport en fin d’année, avant le document définitif prévu en juin 2024.
Cette visite est l'occasion pour les associations féministes de présenter de nouveau la situation du territoire, où une femme sur 5 se déclare en situation de violence conjugale.
Des "violences intrafamiliales endémiques"
Un constat chiffré en dit long sur les violences que subissent les martiniquaises. Au mois de juin dernier, le préfet Jean-Christophe Bouvier parlait de "violences intrafamiliales endémiques" et les statistiques présentées à ce sujet sont impressionnantes.
D'après les acteurs de terrain, "il y a cinq cas de violences intrafamiliales et de violences faites contre les femmes en Martinique chaque jour. Plus d'une femme sur trois déclare avoir subi des violences psychologiques au sein de son couple. Un quart des homicides depuis le 1er janvier 2023 sont des violences intrafamiliales".
C'est dans ce contexte que la guadeloupéenne Justine Bénin, membre de la majorité présidentielle, est venue à la rencontre des associations dont les attentes sont fortes.
"Des moyens financiers" pour mieux répondre à la demande
À Fort-de-France, tous les jours des martiniquaises franchissent la porte des locaux de l'Union des Femmes de Martinique (l'UFM), ou elles appellent pour dénoncer un conjoint violent, obtenir des conseils face à des comportements dégradants, ou être épaulées et mises à l’abri de situations dangereuses.
Mais pour répondre à ces nombreuses sollicitations, l'association féministe a besoin de moyens et elle l'a dit à la Coordonnatrice.
Il nous faut mettre en place des campagnes pérennes de prévention, allez chercher les femmes en difficulté, agir dans le monde du travail. Pour tout cela il nous faut des moyens car nous avons les idées...
Rita BonheurPrésidente de l'Union des Femmes de Martinique
"Beaucoup plus de moyens"...
"Culture Egalité" dresse le même constat : "les associations ont besoin de beaucoup plus de moyens financiers pour mener cette dure mission..."
Nous avons rencontré Mme Justine Benin qui a manifesté une grande écoute. Notre préoccupation première est la question de la prévention. Aucun moyen financier n’a été dégagé par le gouvernement pour la prévention des violences. Il est fondamental d’intervenir en direction des jeunes et très tôt. Un plan d’urgence s’impose.
Georges Arnaud, porte-parole de l'association féministe "Culture Egalité"
"Nous espérons que Mme Bénin soutiendra ces demandes"
Notre seconde préoccupation, est la sortie des femmes des logements d’urgence. Nous demandons aux bailleurs sociaux qu’un certain nombre de logements réservés aux femmes victimes. Les pouvoirs publics doivent l’imposer. Nous espérons que Mme Benin soutiendra ces demandes. Les associations ont besoin de beaucoup plus de moyens financiers pour mener cette dure mission d’accompagnement des femmes victimes de violences.
Georges Arnaud
En attendant l’issue de ces consultations ultramarines, le gouvernement se serait d’ores et déjà engagé à créer "un observatoire des violences faites aux femmes en Outre-mer". Les associations en espèrent l'aboutissement, mais souhaitent d'abord des réponses concrètes à leurs doléances répétées, afin d'améliorer le sort des femmes subissant des violences conjugales au quotidien.
Justine Bénin poursuit ses rencontres en Martinique, en compagnie de Sophie Chauveau, sous-préfète déléguée à la cohésion sociale et à la jeunesse, "en vue de trouver des pistes d’amélioration pour une meilleure prise en charge des victimes".