À cause de la crise sanitaire, le secteur croisière est à genou depuis le premier confinement à la mi-mars 2020, faute d’escale et de réservation. "Aucun chiffre d’affaires n’a été généré" dans les agences réceptives et de voyages, selon les représentants de la profession.
La saison 2020-2021, "une année blanche" se désolent les professionnels de la croisière en Martinique, depuis le premier confinement décrété par le gouvernement le 17 mars 2020.
C’est effectivement une année blanche, car aucune activité depuis un an, aucune escale en Martinique et donc très dommageable pour tous les prestataires qui travaillent autour de l’activité touristique et de la croisière en particulier.
Je pense aux guides, aux transporteurs, aux organisateurs d’excursions nautiques, artisans, commerçants, restaurateurs, les jardins, les musées…
"Des pertes variables"
C’est toute la chaine qui est touchée, avec des pourcentages de pertes variables selon que les prestataires dépendent uniquement de la croisière ou qu’ils offrent leurs services à la fois aux visiteurs en transit et en séjour prolongé.
Nous, nous tablons sur novembre 2021 pour un redémarrage de l’activité, en fonction de l’évolution de la pandémie et des décisions des autorités bien évidemment.
Mais dès le mois de mai prochain, quasiment toutes les compagnies devraient reprendre progressivement leurs voyages.
Les professionnels locaux espèrent que l’activité en Europe et aux États-Unis reprendra au plus vite. Du reste, les premières offres sont déjà disponibles sur internet pour la fin de cette année, en particulier chez les deux compagnies têtes de ligne en Martinique en 2020, MSC et Costa.
Celles-ci proposent actuellement des conditions promotionnelles pour remotiver les voyageurs potentiels, telles que -50% sur le 2e billet d’un couple, ou une cabine balcon au prix de la vue mer.
Ces deux opérateurs sont d’autant plus motivés à se positionner pour la prochaine saison, qu’ils avaient été pointés du doigt par une partie de la population martiniquaise au tout début de la pandémie. Un navire de Costa avait été refoulé et des passagers en provenance d’Italie n’ont pas pu embarquer à bord du MSC.
"Aucun chiffre d’affaires généré"
Depuis un an, les agences de voyage sont dans une "situation dramatique" observe le GTCM (Groupement du Tourisme de Croisière de la Martinique), car "aucun chiffre d’affaires n’a été généré".
Déjà que la saison 2019-2020 a été tronquée puisqu’on a perdu une partie de notre activité et pour 2020-2021, toute la saison a été annulée, suite à la décision des autorités d’interdire l’accès des compagnies de croisière aux différents ports français.
Et ce n’est pas fini puisque la reprise ne se fera que vers fin novembre, début décembre 2021, si tout se passe bien, donc cela a des conséquences extrêmement lourdes.
Il y a des sociétés qui ont décidé de se mettre en sommeil, d’autres qui ont arrêté, ou qui ont continué à résister en utilisant le dispositif de chômage partiel, donc on est dans une situation assez épouvantable (…).
Il y a beaucoup de chômage partiel dans les agences, un peu de télétravail et pour la plupart, elles sont ouvertes une demi-journée ou deux par semaine, pour gérer des reports, des annulations et des remboursements, ce qui prend du temps mais sans la moindre recette, et les aides demeurent difficiles à obtenir.
En février 2021, Philippe Calmels a écrit à la Collectivité Territoriale de Martinique et aux ministères des Outre-mer et du tourisme, afin de les sensibiliser sur la situation de la filière.
"…/… Selon les dernières données chiffrées, notre activé est la plus touchée du secteur du tourisme en Martinique du fait de la crise sanitaire (…), avec des pertes de 100% depuis Mars 2020 et sans aucune perspective de reprise avant début Décembre 2021.
À noter que ces pertes impactent directement un grand nombre d’entreprises et de salariés dans plusieurs domaines liés à cette activité (…).
Pour rappel, la dernière étude d’impact économique de la croisière diligentée par l’AFD (2017) fait état de :
- 360.000 visiteurs en croissance régulière ;
- 30 à 35.000 martiniquais partent en croisière chaque année ;
- Plus de 850 emplois directs et indirects ;
- 18.1 M€ de dépenses visiteurs /an ;
- Un taux de rentabilité économique pour le territoire élevé à 38.6%.
Alors, aujourd’hui, nous vous adressons un vrai cri d’alarme alors que nos entreprises clôturent leur exercice 2020 et que les pertes pour la majorité de nos membres sont abyssales.
Déjà des "licenciements économiques"
Certes les aides gouvernementales et notamment le chômage partiel "ont un peu limité l’ampleur de la catastrophe, mais d’autres aides comme le fonds de solidarité ne sont malheureusement pas accessibles pour certaines entreprises directement associées à la croisière ou ne l’ont été que depuis Décembre", alors que les charges fixes continuent à peser "lourdement sur leurs résultats" ajoute Philippe Calmels.
C’est d’ailleurs dans ce contexte que nombre de sociétés du secteur ont été dans l’obligation de procéder à des licenciements économiques, la perspective de reprise étant beaucoup trop éloignée et incertaine.
Le groupement souhaite que les dispositifs d’aide (chômage partiel / fonds de solidarité…) puissent être prorogés "au moins jusqu’à la fin de l’année 2021 afin que nous puissions à la fois assurer la pérennité de notre activité et le maintien des emplois qualifiés".
Le GTCM a également demandé à la CTM "le déplafonnement des 2 millions d’euros de Chiffre d’Affaires pour que toutes les entreprises du tourisme puissent bénéficier des aides de la collectivité".
À ce jour, les pertes sont "estimées à -76% pour les agences de voyages de Martinique en 2020 et sont depuis le début de l’année 2021, à -90%" précise le représentant de la profession. Des agences qui subissent par ailleurs, les restrictions imposées au trafic aérien.
L'Union des Aéroports Français vient d’ailleurs de présenter son bilan 2020. "Sans surprise, les aéroports accusent une chute vertigineuse de -67,3% du trafic passagers, impactés par la crise liée à la pandémie de covid-19" rapporte tourmag.com dans une publication datée du 16 mars 2021.
Un salon virtuel du tourisme en avril 2021
L’aérien et surtout l’avenir de la filière touristique, seront au cœur du premier "Salon digital du tourisme en France et en Outremer", du 6 au 9 avril 2021.