La présidente de la Dominique, Sylvanie Burton, elle-même membre du peuple Kalinago, a officialisé l’installation de la cheffe Anette Sanford.
Sous le carbet traditionnel situé sur le territoire Kalinago, plusieurs ministres du Gouvernement et des maires des villes du Roseau et du Portsmouth ont assisté à ce moment historique. Le Premier ministre, Roosevelt Skerrit n’était pas présent.
Dans son premier discours, la cheffe Anette Sanford a accueilli les invités avec le mot amérindien "Mabrika" qui signifie "bienvenue".
Elle a évoqué l’esprit de résilience et détermination de son peuple face à l’oppression, aux génocides, à l’esclavage, à l’aliénation culturelle et aux expulsions imposés par les colonialistes sur son peuple, les premiers habitants de la Dominique dont le nom Kalinago est Waitukubuli, "grand est son corps".
Nous avons survécu. Nous étions 300, aujourd’hui on est 3000 descendants, des guerriers et des visionnaires. On a pu sauver notre culture, notre langue et notre mode de vie.
Anette Sanford, cheffe des Kalinagos de la Dominique
Élue pour un mandat de 5 ans, Anette Sanford, âgée de 41 ans a annoncé un programme ambitieux.
Infirmière de métier et ancienne sénatrice de l’opposition, la cheffe veut améliorer l’offre de santé sur le territoire situé sur la côte Atlantique, éloigné de la capitale Roseau.
Elle veut convaincre une banque d’ouvrir une filière dans le territoire. Les Kalinagos doivent se rendre hors du territoire pour accéder aux services bancaires.
Elle souhaite également s’adresser aux problèmes de scolarité. Dans le primaire, les mauvais résultats des élèves se soldent par un taux de décrochage scolaire élevé au niveau du secondaire.
Trop d’exploitations agricoles sont abandonnées et l’environnement souffre des dégradations.
La cheffe et ses 5 conseillers n’ont toujours pas de locaux pour travailler.
Elle a demandé au Premier ministre Roosevelt Skerrit de respecter sa promesse de créer un jour férié national en honneur des Kalinago.
Nous, du pays Martinique, avons encore à nous débarrasser des vyé zombis mentaux qui nous lient aux abrutissements de l’outremer français. Riches d’une souveraineté optimale, maîtrisant nos interdépendances avec la France, avec l’Europe, nous pourrions enfin assumer nos en-communs de destin avec la Caraïbe. Et kisa de plus beau, de plus juste, de plus vrai, que d’amorcer cette utopie refondatrice en reconnaissant Kalinagos et Arawaks comme fils aînés — inaliénables, légaux et légitimes ! — de notre bel archipel ? Kisa de plus exaltant que de les retrouver libres de le parcourir, de l’habiter au vent, de l’enchanter des sillons de leurs chants, de leurs récits, des kanawas pacifiques de leurs vies ?
Extrait de la tribune de Patrick Chamoiseau, le NouvelObs
La cheffe des Kalinago a terminé son discours avec le mot "Ayahora" qui signifie "merci".
La semaine Kalinago
En 2024, le Groupe culturel Kalinago, responsable de l’organisation de la Semaine Kalinago, s’installe au mémorial de la rébellion Kalinago situé à St. Cyr dans le territoire.
Le 19 septembre 1930, les Kalinago ont manifesté contre la décision de l’administration colonialiste d’interdire la liberté de mouvement des premiers habitants.
Dans un acte de répression violente, deux Kalinago ont été tués par les forces coloniales, d’autres ont été blessés. Le chef Kalinago a été emprisonné et déchu de son titre.
La semaine des Kalinago est célébrée autour de cette date avec des cérémonies et manifestations culturelles.