Le Centre Hospitalier Universitaire de Martinique répond à l'Autorité de Sécurité Nucléaire

Un reportage de Delphine Bez et Christophe Arnerin. ©Martinique la 1ère
Suite aux accusations relayées ces derniers jours concernant la sécurité autour du cyclotron, le CHU de Martinique répond. Il s’agit d’un malentendu, explique la direction. L'Autorité de Sécurité Nucléaire avait, en réalité, épinglé la gestion des déchets nucléaires à Clarac, lors d’une inspection de novembre 2023. L’ASN est bien venue inspecter le cyclotron. C’était en juin et le CHUM, révèle ses recommandations. (Re)voir le reportage de Delphine Bez et Christophe Arnerin.

C’était fin 2022, le cyclotron tant attendu en Martinique est arrivé. Le site ultra-sécurisé dans son bloc en béton abrite un accélérateur de particules. On y fabrique les éléments radioactifs utilisés pour l’imagerie médicale réalisée dans le bâtiment situé juste à côté.

Les deux TEP-Scan et un TEP-IRM ont déjà reçu 1528 patients depuis 5 mois. Le temps d’attente pour un rendez-vous est de 15 à 30 jours.

Depuis le mois d’avril, mis à part les jours fériés, le cyclotron a toujours fonctionné, excepté pendant 2 jours où on a eu des micro-pannes qu’on a pu résoudre et dès le lendemain, on a pu le remettre en fonctionnement. On est complètement satisfait. Tout ce qu’on produit ici est pour le bénéfice des patients. Donc systématiquement, quand on valide un nouveau produit, qu’on le qualifie, on a des réunions avec les médecins nucléaires. Là, notamment, pour le dernier traceur qu’on a validé pour le cancer de la prostate, ils sont extrêmement satisfaits des images et de leur qualité. 

Dr Nathalie Rizzo-Padoin, radio pharmacienne et responsable de l'Unité cyclotron

C'est dans un laboratoire que l’on réalise les traceurs radioactifs injectés aux patients avant l’imagerie. Si la substance est de très faible concentration, le site reste sous étroite surveillance de l’Agence de Sécurité Nucléaire. En juin, l’organisme indépendant a formulé plusieurs injonctions : éliminer l’humidité à l’intérieur du Cyclotron qui pourrait à terme nuire à la pérennité des équipements, mais aussi recruter un second technicien en charge des contrôles de sécurité et radioprotection.

La direction prend très au sérieux les remarques de l’ASN compte tenu de la sensibilité de ce type d'infrastructure. Dans le cas qui nous occupe, de manière générale, sur un audit ASN, nous avons 1 mois pour apporter des réponses aux sujets les plus préoccupants et deux mois pour les autres. On s’engage sur un certain nombre de points à revoir la maintenance du bâtiment pour les premiers éléments qui ont été identifiés. Puis, on s’engage à recruter du personnel. Ce qui a été fait, notamment en termes de publication de poste.

Rodrigue Alexander, directeur adjoint du CHU de Martinique

Le cyclotron, un investissement de plus de 60 millions d’euros, est le fleuron de l'hôpital et une priorité de santé publique. La direction ne cache pas pour autant l’immense défi quotidien que représente son financement dans un contexte insulaire et de précarité économique. 

  • À lire aussi

L'Autorité de sûreté nucléaire épingle les CHU de Guadeloupe et de Martinique sur leurs systèmes de radioprotection