L'Autorité de sûreté nucléaire épingle les CHU de Guadeloupe et de Martinique sur leurs systèmes de radioprotection

Les urgences du CHU de Martinique.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a dénoncé vendredi des "défaillances" en matière de radioprotection dans les services de radiothérapie et de médecine nucléaire de Guadeloupe et de Martinique.

Selon Louis Bouthier, chef de la division de Paris qui chapeaute les départements et régions d'outre-mer, les CHU des Antilles françaises sont soumis à des "manques de moyens" chroniques, tant du point de vue des ressources humaines que des équipements. Ce qui induit des "pertes de chances pour les patients dans leur parcours de soins", estime-t-il, tout en soulignant la "forte mobilisation des équipes" opérationnelles pour améliorer la situation.


En Martinique, où un cyclotron est entré en service en avril, l'ASN pointe l'absence de contrôles et de prise de mesures des contaminations potentielles dans les zones où sont manipulés des produits radioactifs, des pannes répétées des accélérateurs non signalées, créant des reports de prises en charge des patients, et du personnel pas formé à la radioprotection dans les services pourtant concernés."Cette situation est inacceptable", écrit l'Autorité dans un courrier de l'inspection adressée à la direction du CHU.

L'un des plus forts taux d'incidence du cancer de la prostate


En Guadeloupe, c'est aussi sur le volet RH que cela pêche : manque de formation, manque de personnel aussi, créant des "fragilités (...) en termes de continuité de service en cas d'absence de certains professionnels". Début 2024, le centre d'imagerie moléculaire de la Guadeloupe était resté deux semaines fermé en raison de l'absence du radio pharmacien, indispensable à son fonctionnement.


Malgré tout, la Guadeloupe continue de s'équiper en appareils indispensables : un TEP scan (qui permet des examens scintigraphiques utilisés en cancérologie) supplémentaire est prévu ; et à Marie-Galante, autre île de l'archipel, une offre de curiethérapie (qui permet l'irradiation des tumeurs cancéreuses) doit être installée.


De manière plus générale, le comité interministériel des Outre-mer prévoit de "réduire les délais de prise en charge des cancers" qui peuvent monter à plusieurs mois entre la détection et le traitement, contre plusieurs dizaines de jours dans l'Hexagone, selon Santé publique France.


Selon plusieurs études, les Antilles françaises présentent l'un des plus forts taux d'incidence du cancer de la prostate au monde, malgré un taux d'incidence global, tous cancers confondus, inférieur à celui de la France hexagonale dans les deux départements antillais.