Première guerre mondiale : pourquoi faut-il se souvenir de l’engagement de nos aînés ?

Reconstitution d'une scène de la Première guerre mondiale.
La commémoration de la signature de l’armistice mettant fin à la Première guerre mondiale, le 11 novembre 1918, est l’occasion de se pencher sur l’importance symbolique et politique du sacrifice de nos aînés, qui ont payé un lourd tribut lors de ce conflit.

Pourquoi faut-il se souvenir de l’engagement de nos aînés durant la Première guerre mondiale ? Parce que si nous ignorons notre histoire, nous sommes condamnés à la revivre. Ensuite, il importe de savoir que nos arrières grands-pères ont directement participé à la victoire des Alliés contre l’Allemagne, par leur sacrifice. Enfin parce que c’est à ce moment-là que la population se sent pleinement française.

L’époque à laquelle se déroule la Première guerre mondiale constitue un moment-clé dans le long processus de notre assimilation à la France. Cette doctrine prend une signification concrète au début du 20e siècle. Comme tous les peuples de l’empire, les Martiniquais ont enfin l’occasion de manifester leur attachement à la mère-patrie par l’application de la loi sur le service militaire obligatoire de 1913.

Payer enfin l’impôt du sang

Ce texte est la traduction juridique d’une volonté politique, celle du paiement de "l’impôt du sang". Une expression de l’époque illustrant le souhait de se battre pour la patrie et, pourquoi pas, de mourir pour elle.

La possibilité de partir sous les drapeaux est vécue comme la preuve la plus éclatante de la qualité de citoyen français de plein droit. Cette loi a mis du temps à être votée, les chefs des armées se méfiant des soldats créoles et indigènes, prétendument inaptes au combat et rétif aux rigueurs de la vie militaire.

Comme le rappelle l’historienne martiniquaise Sabine Andrivon-Milton, pionnière de l’histoire militaire des Antilles françaises, une année après le début des hostilités, l’état-major change de position. Contrairement à ses prévisions, le conflit s’enlise et devient dramatiquement meurtrier. Il est alors décidé d’enrôler de jeunes recrues dans tout l’empire.

Une campagne de recrutements dans les colonies

Les sergents recruteurs écument nos campagnes à la recherche de nouveaux soldats. Les conseillers généraux et les maires, majoritairement partisans de l’assimilation, poussent les jeunes hommes à partir au front. Quasiment un candidat sur deux sera réformé pour santé fragile. Au total, 8 788 soldats martiniquais partent au front, 1 876 y sont tués et 120 sont portés disparus.

Il est certain que nos aînés ont servi de chair à canon dans les tranchées de la Première guerre mondiale. Avaient-ils le choix ? Les juger avec nos yeux d’aujourd’hui nous empêche de considérer à juste titre leur sacrifice. Il serait injuste qu’un siècle après la fin de cette guerre, nos arrières grands-parents soient traités par l’amnésie ou le mépris.