C'est un convoi sous haute surveillance qui s'est déplacé ce matin sur l'axe routier longeant la zone aéroportuaire de Fort-de-France.
Escorté par les unités d'élite d'interventions de la Police nationale, le fourgon chargé d'armes s'est rendu dans une société de recyclage de métal afin de détruire sa cargaison.
À bord du véhicule, des armes de toutes catégories. De l'arme blanche modifiée à l'arme de guerre. Ces prises proviennent soit de saisies effectuées dans le cadre d'enquêtes pour homicide, soit de perquisitions chez des trafiquants en tout genre. Certaines ont aussi été récupérées lors de la collecte "Déposez les armes".
600 armes détruites
Les armes ont été minutieusement détruites par une pince hydraulique, afin qu'elles ne soient plus utilisables. Régulièrement effectuée par les services de l'Etat, cette opération prouve que la circulation des armes est réelle sur notre territoire. L'an dernier, pas moins de 692 armes avaient été mises hors d'usage.
On en dénombre 600 cette année. Certaines sont des armes à blanc qui ont été modifiées. D'autres sont des armes de poing récentes de type Glock avec visée laser, capable de tirer en rafales. Mais parmi les collectées, les plus inquiétantes sont les armes longues de type fusil d'assaut.
Les armes suivent la drogue
L'importance du trafic de stupéfiants en Martinique explique en partie la circulation des armes sur notre territoire. Un constat déjà établi lors du passage du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a annoncé la mise en place de radars pour surveiller et intercepter les trafiquants.
Sur place lors de la destruction d'armes, le Préfet a confirmé la venue de ces nouveaux équipements.
Les radars seront là en 2025, nous allons assurer la sécurité des lieux d'entrée du trafic comme le port et aéroport, développer la coopération avec les îles de la région. Mais nous ne pouvons lutter efficacement qu'avec l'accompagnement de ceux qui ont des informations sur ces trafics.
Jean-Christophe Bouvier, Préfet de Martinique, interrogé par Franck-Edmond Mariette
Des chiffres alarmants
En Martinique, il y a trois fois plus de violence avec armes que dans l'Hexagone et quatre fois plus de meurtres.
En 2022, les autorités ont totalisé une vingtaine de meurtres par armes à feux, une cinquantaine de tentatives d'homicide et 150 faits de violence avec armes.
Selon la procureure de la République, les projections pour 2023 sont à peu près similaires.
On a du mal à faire comprendre que posséder une arme finie très souvent en drame.
Clarisse Taron, procureure de la République, interrogée par Franck Edmond Mariette