Une nouvelle opération de nettoyage est organisée ce vendredi 17 mai près du stade de Cavani, là où campent des centaines de migrants venus de l'Afrique des grands lacs. Le conseiller départemental de Mamoudzou 2, Elyassir Manroufou regrette de ne pas être informé des interventions de l'État dans son canton. "Aujourd'hui, on attend des réponses fortes des services de l’Etat", explique l'élu. "Les parents du centre d’hébergement Abdallah Mami ont décidé de fermer la structure, nous leur avons demandé un délai." L'élu a ensuite demandé à la préfecture d'ici la fin de la semaine d'installer un périmètre de sécurité autour des administrations et de la mission locale.
Face aux problèmes sanitaires et au manque d'hygiène, le conseiller départemental reconnaît que les deux toilettes mobiles installées sont insuffisantes. "C’est tout une structure sanitaire qu’il faudrait, comme un camion avec plusieurs sanitaires et des douches", détaille-t-il. "Pour nous, les habitants de Cavani, c'est un camp de migrants à ciel ouvert. Ce qu’on demande c’est d’accepter que cette situation nous dépasse tous et de formaliser ça."
Officialiser un Lampedusa à Mayotte
Il plaide donc pour la création d'un camp de migrants, sur le modèle de l'île italienne de Lampedusa avec des structures d'accompagnement, des services sociaux et un contrôle de l'État, "mais pas à Cavani." Il le reconnaît : "peut-être que ce serait un appel d’air, mais en attendant je n’ai pas l’impression que la situation s’améliore."
"Le soir on voit des femmes et des enfants qui dorment là. Ça fait mal au cœur de voir des migrants venir dans nos foyers pour demander du riz ou des mabawas, de voir des personnes vivre dans des conditions très précaires", raconte le conseiller départemental. "On a l'impression que ça ne dérange que les habitants de Cavani."
Le projet de loi Mayotte
À quelques heures de la présentation des projets de loi Mayotte, l'élu ne cache son inquiétude. Il a fait partie de la commission qui a rédigé les 120 propositions transmises au gouvernement en septembre. "On a déjà reçu une copie en nous disant que certaines n’étaient pas possibles car elle ne relevait pas d’un projet de loi", précise Elyassir Manroufou. "On aurait aimé que ce qui ne relève pas d’un projet de loi puisse être mis en place rapidement et ce qui relève d’un projet de loi puisse être programmé."
"Ce qui nous inquiète réellement, c’est qu’il n’y a pas eu d’aller-retour sur ces propositions entre Paris et nous, les élus, qui devrons délibérer pour accepter ou pas ce projet", renchérit-il. "Il n’y a pas eu de réunion au sein du département pour discuter ou mettre en place différents scénarios pour savoir quelles postures adopter. Nous attendons de pied ferme le débat qui suivra ici, après les discussions de cet après-midi."