A son arrivée à Mayotte ce mardi 27 février, la ministre des Outre-mer Marie Guévenoux a demandé la levée des barrages dans l'île afin notamment de permettre aux forces de l'ordre de reprendre normalement leurs missions contre l'insécurité dans le département.
Mais aux yeux de bon nombre de barragistes des Forces vives, la lutte contre la délinquance, véritable fléau dans l'île aux parfums, passerait dans l'immédiat par l'instauration d'un état d'urgence sécuritaire. Cela n'aurait aucun effet, rétorque pourtant la ministre de son côté. En attendant, plusieurs barrages restent érigés.
A Longoni, "Nous restons toujours mobilisés"
C'est le cas à Longoni où les barragistes demandent aux véhicules "non prioritaires" de faire demi-tour. Les automobilistes n'ont pas d'autre choix que de coopérer même si certains d'entre eux essayent tout de même de négocier pour passer.
Ibou, un des barragistes de Longoni, le répète. "Même si d'autres barrages ont été levés, nous restons toujours mobilisés", lâche-t-il en évoquant à nouveau la revendication de l'état d'urgence sécuritaire. Le manifestant assure que les riverains restent compréhensifs. "Bien sûr qu'ils jouent le jeu, ils comprennent que c'est un combat pour tout Mayotte. L'insécurité touche tout le monde à Mayotte".
Les membres des Forces vives, grands oubliés du programme ministériel ?
A Chirongui, le barrage du carrefour Ngwezi est lui aussi toujours en place. C'est l'un des barrages les plus "stricts" depuis le début du mouvement des Forces vives démarré le 22 janvier dernier. Et les personnes qui le tiennent restent déterminés à poursuivre le blocage.
"Tout le monde a vu le programme de la ministre et à aucun moment, les Forces vives n'ont été invitées à échanger avec Mme Guévenoux. Et pour nous, ça n'est pas sérieux. C'est du mépris à l'égard des Mahorais qui sont sur les barrages depuis cinq semaines", estime Mohamed Abdou Mozer, l'un des responsables de Ngwezi.
"Que ces moyens soient accompagnés de résultats !"
Quid des engagements forts pris par le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin ? "La question de la sécurité n'est pas négociable, répond encore Mohamed Abdou Mozer. Ce n'est pas seulement une question de moyens. Nous, on exige surtout à ce que ces moyens soient accompagnés de résultats !"
Pas sûr que l'appel de la ministre Guévenoux finisse par être suivi d'effet dans les barrages les plus durs comme celui de Ngwezi. Dans le même temps, d'autres barrages ont été levés, comme par exemple celui de Chisa, à Chiconi, sur une initiative des habitants du village voisin de Mangajou.
A Bandraboua, le barrage est quant à lui partiellement levé ce mardi, ce qui permet ainsi aux usagers d'avancer jusqu'à Longoni.