Les manifestants rassemblés ce mardi 6 février à Mamoudzou à l'appel des forces vives se sont rendus devant le tribunal judiciaire en fin de matinée, dénonçant "une justice pas assez punitive avec les délinquants." Des tensions sont survenues quand des manifestants ont tenté de forcer le cordon de gendarmes qui leur barrait l'accès au tribunal. Des bombes lacrymogènes ont été utilisées pour les repousser, causant des malaises chez certaines personnes présentes dans la foule.
Suite à cet incident, une délégation d'élus qui était rassemblée au conseil département s'est rendue sur place. Parmi eux : le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, la conseillère départementale de Sada-Chirongui, Mariam Said Kalam, la conseillère départementale de Mamoudzou 3, Hélène Polozec ainsi que des élus de plusieurs communes. Une rencontre a été organisée entre les élus, des membres des forces vives et le procureur de la République, Yann Le Bris.
Une nouvelle rencontre ce mercredi
"Il était important d'asseoir à la même table le procureur et les forces vives, car la population a le sentiment que la justice ne va pas assez vite avec les délinquants", explique Ben Issa Ousseni, à la suite de cette rencontre. "Le procureur a apporté un certain nombre d'éléments, cet échange va se poursuivre demain au conseil départemental. Aujourd'hui, le tribunal reste fermé, une décision sera prise ensuite."
"Notre demande principale reste la même : qu'on nous dépêche un médiateur de Paris pour échanger avec la population mahoraise avant que ça ne dégénère", poursuit l'élu. "On nous avait promis la nomination d'un ministre des Outre-Mer qui sera notre interlocuteur, mais cette nomination tarde à venir." Il conclut : "Aujourd'hui, je suis écouté par les forces vives, pas forcément entendu, ça ne durera peut-être pas longtemps. Il faut que le gouvernement entende les Mahorais."
"On est revenu encore plus inquiets"
"On est dans une situation très grave, le procureur n'a pas la réponse à apporter aux Mahorais. Il a été sensibilisé, mais il n'a pas la réponse à apporter" dénonce la conseillère départementale Mariam Said Kalam. "On est revenu encore plus inquiets, encore plus désorientés, j'en appelle à l'État, au gouvernement, pour dire que nous avons accepté d'être vos élus pour être vos interlocuteurs, vous ne pouvez pas nous délaisser comme ça."
"Il faut dire stop à la justice qui discrimine les Mahorais", résume après cette réunion Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018. "Aujourd'hui, c'est la justice qui porte la responsabilité de la fin de l'opération Wuambushu, même s'il y a une décision politique par-dessus tout." Évoquant la nouvelle réunion prévue ce mercredi, "à partir de là, il y aura forcément une suite à donner", ajoute la représentante des forces vives. "Le procureur a compris le message, que nous voulons plus de justice."
Des individus casqués
Alors que cette rencontre se déroulait au tribunal, de nouvelles tensions ont éclaté devant le tribunal. Un mouvement de panique a saisi la foule. "Une dizaine d'individus casqués ont jeté des sacs remplis de pierres sur les forces de l'ordre." explique Hervé Derrache, le directeur territorial de la police nationale. "Le radiateur et un pneu du camion de gendarmerie ont été transpercés par les projectiles." Les assaillants ont été rapidement dispersés par des grenades lacrymogènes. "La police nationale a préservé l'intégrité du tribunal en faisant un usage proportionné de la force", ajoute Hervé Derrache, dénonçant "une volonté de débordement."