Une journée de manifestation tendue à Mamoudzou contre l'insécurité et l'immigration

Les forces vives organisent ce mardi une nouvelle mobilisation dans les rues de Mamoudzou contre l'insécurité et l'immigration. Plus d'un millier de manifestants sont présents, des tensions ont éclaté au niveau du tribunal judiciaire à Kawéni.

Les "forces vives" organisent une nouvelle journée de mobilisation dans les rues de Mamoudzou ce mardi 6 février. Tout comme pour la précédente manifestation mercredi dernier et pour le congrès de Tsingoni ce dimanche, les barrages ont été levés en début de matinée pour permettre aux habitants de rejoindre le chef-lieu. Plus d'un millier de manifestants ont répondu à cet appel pour dénoncer l'insécurité et l'immigration. Des tensions ont notamment éclaté à Kawéni au tribunal judiciaire et à Cavani devant les locaux de Solidarité Mayotte.  Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants qui tentaient de forcer les cordons de forces de l'ordre.

  • Un calme précaire à Mamoudzou

A 19h, les forces de l'ordre évoquent des affrontements avec des délinquants en fin de journée à M'tsapéré, Passamainty et Cavani, où des jeunes ont monté des barrages pour faire payer les automobilistes. Un important dispositif policier est toujours mobilisé pour éviter les débordements.

  • Les manifestants rassemblés au rond-point du stade de Cavani

Des groupes de manifestants sont rassemblés vers 17h au rond-point du stade de Cavani. Un important dispositif de police et de gendarmerie quadrille le secteur. 

  • Des matelas de migrants incendiés

Plusieurs matelas appartenant à des migrants ont été incendiés en pleine rue par des manifestants. Ils étaient stockés dans une mosquée durant la journée.

Des matelas incendiés en pleine rue ©Abdérémane Saïd

  • Nouvelles tensions, des manifestants tentent de forcer l'accès à Solidarité Mayotte

La situation s'est tendue à Cavani, quand des manifestants ont tenté de forcer le cordon de policiers qui barrait l'accès aux locaux de Solidarité Mayotte. La foule a été dispersée quand une grenade lacrymogène a éclaté.

  • Les manifestants demandent la fermeture des associations humanitaires

Devant les locaux de Solidarité Mayotte, vers 16h, les manifestants demandent la fermeture des associations humanitaires. "L'État protège le pire ennemi de Mayotte : Solidarité Mayotte", dénonce un manifestant dans un mégaphone. Un cordon de policier empêche les manifestants d'accéder aux locaux, où se trouve un groupe de migrants.

Les manifestants réunis devant les locaux de Solidarité Mayotte
  • Un important dispositif de forces de l'ordre près du stade de Cavani

Avec l'arrivée du cortège à Cavani, un important dispositif de forces de l'ordre a été déployé sur le parking du stade de Cavani et à proximité des locaux de Solidarité Mayotte.

Important dispositif de gendarmerie déployé près du stade de Cavani ©Halda Halidi

  • Les manifestants partent en direction de Cavani

Les manifestants partent en direction de Cavani. Saïd Kambi, l'un des leaders du mouvement, explique que les forces vives ont été interpellées par des entrepreneurs locaux pour dénoncer des discriminations dans l'attribution des marchés publics.

"On est dans une situation très grave, le procureur n'a pas la réponse à apporter aux Mahorais. Il a été sensibilisé, mais il n'a pas la réponse à apporter." dénonce la conseillère départementale Mariam Said Kalam. "On est revenu encore plus inquiets, encore plus désorientés, j'en appelle à l'État, au gouvernement, pour dire que nous avons accepté d'être vos élus pour être vos interlocuteurs, vous ne pouvez pas nous délaisser comme ça."

Rassemblement à #Mamoudzou, Place de la Republique ©Mayotte la 1ere

Les manifestants quittent la place de la République en direction de Cavani
  • "Le plus urgent c'est d'avoir un interlocuteur à Mayotte"

Quittant la place de la République, le président du conseil départemental dresse le bilan de la rencontre organisée au tribunal. "Il était important d'asseoir à la même table le procureur et les forces vives, car la population a le sentiment que la justice ne va pas assez vite avec les délinquants", explique Ben Issa Ousseni. "Le procureur a apporté un certain nombre d'éléments, cet échange va se poursuivre demain au conseil départemental. Aujourd'hui, le tribunal reste fermé, une décision sera prise ensuite."

Une réunion est prévue dans la foulée de ce rassemblement au conseil départemental entre élus et forces vives. "Notre demande principale reste la même : qu'on nous dépêche un médiateur de Paris pour échanger avec la population mahoraise avant que ça ne dégénère", poursuit l'élu. "On nous avait promis la nomination d'un ministre des Outre-Mer qui sera notre interlocuteur, mais cette nomination tarde à venir." Il conclut : "Aujourd'hui, je suis écouté par les forces vives, pas forcément entendu, ça ne durera peut-être pas longtemps. Il faut que le gouvernement entende les Mahorais."

Les discours sur la place de la République.
  • Des prises de parole sur la place de la République

Sur la place de la République, vers 15h, plusieurs élus et représentants des forces vives s'adressent à la foule. Parmi eux, Badirou Abdou, représentant des forces vives, Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental ou encore le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. La foule entonne un Maoulida Chengé. 

  • Retour au calme à Kawéni, les manifestants repartent vers la place de la République

A 14h, la situation est redevenue calme devant le tribunal à Kawéni. "Une dizaine d'individus casqués ont jeté des sacs remplis de pierres sur les forces de l'ordre." explique Hervé Derrache, le directeur territorial de la police nationale. "Le radiateur et un pneu du camion ont été transpercés par les projectiles." Les assaillants ont été rapidement dispersés par des grenades lacrymogènes. Au même moment, une délégation d'élus était reçue à l'intérieur du tribunal. Des groupes de manifestants sont ensuite repartis en direction de la place de la République. "La police nationale a préservé l'intégrité du tribunal en faisant un usage proportionné de la force", ajoute Hervé Derrache, dénonçant "une volonté de débordement."

Les manifestants réunis à Kawéni
  • Situation tendue devant le tribunal, un mouvement de panique

La situation est devenue très tendue vers 13h20 devant le tribunal. Un mouvement de foule a été provoqué suite à des jets de pierres sur les forces de l'ordre.

  • Les élus ont pu entrer au tribunal

Alors que les manifestants restent massés devant le tribunal, les élus ont pu entrer à l'intérieur pour s'entretenir avec les magistrats. Un gendarme montant dans le camion récupérer une bombe lacrymogène a été hué par la foule. Les manifestants menacent les forces de l'ordre de représailles si des bombes lacrymogènes sont utilisées à nouveau. Au même moment, des images circulent d'un kwassa kwassa débarquant des migrants originaires du Congo et de Somalie sur la plage de Mtsamoudou, provoquant la colère des manifestants.

La foule toujours massée devant le tribunal à Kawéni
  • Plusieurs élus arrivent sur place

Un groupe d'élus arrive vers 12h20 devant le tribunal judiciaire pour se joindre aux manifestants. Parmi eux : le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, la conseillère départementale de Sada-Chirongui, Mariam Said Kalam, la conseillère départementale de Mamoudzou 3, Hélène Polozec ainsi que des élus de plusieurs communes.

Une réunion était prévue vers 13h à l'hémicycle Younoussa Bamana entre élus et forces vives "pour préparer la fin du conflit et les prochaines rencontres ministérielles". Dans un communiqué ce mardi matin, les forces vives indiquent qu'elles ne comptent pas s'y rendre "jusqu'à ce que l'objectif de cette rencontre soit clarifié." 

Les élus viennent se joindre aux manifestants
  • Le cortège se scinde en deux

Le cortège s'est divisé en deux. Les hommes sont restés devant le tribunal, tandis que les femmes sont parties vers le rond-point de la zone NEL. Elles empêchent notamment les renforts de forces de l'ordre de se rendre au tribunal.

Les manifestantes rassemblées à Kawéni
  • Les manifestants restés sur la place de la République se dirigent vers Kawéni.

Le groupe de manifestants resté sur la place de la République est également parti vers 11h30 en direction de Kawéni. Ils viennent soutenir le cortège, après avoir appris que des bombes lacrymogènes ont été utilisées sur des manifestants qui tentaient de forcer le dispositif des forces de l'ordre pour accéder au tribunal. Peu avant 11h, une barge a été autorisée par les "forces vives" à quitter Petite-Terre pour acheminer les habitants vers le lieu de la mobilisation à Mamoudzou.

Les manifestants prenant la barge en Petite-Terre pour rejoindre la manifestation à Mamoudzou

  • Des pierres jetées sur les policiers depuis l'autre côté du tribunal

La circulation est complètement coupée par les manifestants sur la RN1 vers 11h15 devant le tribunal. Des jeunes à l'arrière du dispositif de gendarmerie ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Les leaders du mouvement indiquent aux manifestants de s'éloigner du secteur et de ne pas se mêler aux affrontements.

DIRECT. mobilisation à Mamoudzou ©Mayotte la 1ere

  • Les manifestants restent rassemblés devant le tribunal

Les manifestants restent rassemblés sur la route nationale, devant le tribunal, refusant de rebrousser chemin malgré l'important dispositif de forces de l'ordre. "On voulait faire passer un message, les Mahorais se font tuer tous les jours et la justice ne donne aucune réponse", explique Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, les yeux embués de larmes à cause des bombes lacrymogènes utilisées un peu plus tôt. "C'est la justice, les magistrats, c'est l'État qui a fait arrêter l'opération Wuambushu." Des ambulances sont arrivées sur place vers 11h pour prendre en charge des manifestants qui se sont évanouis. 

Scène de tension devant le tribunal judiciaire ©Yasmine Djaffar

  • Des bombes lacrymogènes utilisées sur les manifestants pour barrer l'accès au tribunal

Les forces de l'ordre sont présentes pour empêcher le cortège d'accéder aux administrations, comme les locaux de la CSSM. Des manifestants ont tenté de forcer l'accès au tribunal judiciaire, dont l'accès était barré par la gendarmerie et la police. Des bombes lacrymogènes ont été utilisées pour les repousser. "Nous on ne jette pas de pierres, on n'a pas de chombo et on nous gaze alors que les délinquants peuvent faire ce qu'ils veulent", dénonce une manifestante. 

Les forces d'ordre empêchent les manifestants d'accéder au tribunal judiciaire

 

  • Départ du cortège vers Kawéni

Le cortège de plus d'un millier de personnes est parti peu avant 10h en direction de Kawéni, où sont situées plusieurs administrations. Dans la foule, plusieurs manifestants arborent des t-shirts à l'effigie des barrages qu'ils occupent. Devant le stand installé devant les locaux des finances publiques à Kawéni, Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018 précise qu'il "s'agit de montrer que Kawéni rentre dans le mouvement, même s'il n'y a pas de barrage prévu." Vers 10h20, les manifestants ont pris la direction du tribunal.

Le cortège de manifestants se déplaçant vers Kawéni
Le cortège se déplace en direction de Kawéni

  • "C'est une nouvelle manière de rassembler la population"

"Nous sommes venus pour assiéger la capitale de l'île", résume Badirou Abdou, l'un des membres des forces vives. "C'est une nouvelle manière de rassembler la population pour lancer nos messages." Près de la place de la République, beaucoup de magasins et de bureaux ont été fermés. Plusieurs actions ont été prévues pour cette matinée de mobilisation.

Une nouvelle journée de mobilisation Place de la République ©Mayotte la 1ere

  • Les premiers manifestants rassemblés sur la place de la République

Les manifestants sont déjà réunis sur la place de la République, vers 9h, venant des quatre coins de l'île. Une douzaine de points de ramassage en bus sont prévus notamment depuis les différents barrages.

Une dizaine de manifestants sont également positionnés à Kawéni. L'un d'eux explique qu'ils envisagent de bloquer le rond-point El Farouk.

Les premiers manifestants réunis sur la place de la République
Des manifestants réunis à Kawéni