Un durcissement des barrages et un manifeste annoncés suite au congrès de Tsingoni

Le congrès de Tsingoni à l'appel des élus et des forces vives pour dénoncer l'insécurité et l'immigration à Mayotte
Après deux semaines de barrages sur les routes de Mayotte, un durcissement de la mobilisation est annoncé faute de réponse du gouvernement. Une annonce faite suite au congrès de Tsingoni, où plus d'un millier de personnes se sont réunies ce dimanche.

La mobilisation se durcit contre l'insécurité et l'immigration à Mayotte, après le congrès de Tsingoni où plus d'un millier de personnes se sont réunies ce dimanche 4 février à l'appel des élus et des "forces vives" à l'origine du mouvement. Si les barrages ont été levés pour la journée, ils vont reprendre dès le lendemain avec une intensification des blocages.

Le congrès de la réconcialiation entre les Mahorais et leurs élus ©Mayotte

Certains appellent à organiser des barrages ne laissant passer aucun piéton ni véhicule, pas même les services d'urgences, comme cela a été évoqué lors d'interventions durant le congrès. Au cours d'une réunion ce vendredi avec les élus à la MJC de Mroalé, Badirou Abdou l'un des membres des forces vives avait promis une telle mesure si le gouvernement ne nommait pas de médiateur d'ici la fin de la semaine.

La charte de bonne conduite toujours en vigueur

Une information démentie par l'un des porte-paroles du mouvement. S'il confirme que d'autres points de barrage seront mis en place, la charte de bonne conduite décidée ce jeudi reste en vigueur. Outre les véhicules de secours, les camions de ramassage de déchets seront désormais autorisés à franchir les barrages. Le président du Sidevam, le syndicat intercommunal d'élimination et de valorisation des déchets de Mayotte, avait appelé plus tôt dans la journée à laisser ses services circuler pour éviter les dépôts d'ordures qui "présentent des risques réels de développement de maladie."

Crise sociale : l'analyse du président du département ©Mayotte

Après déjà plusieurs réunions cette semaine, les élus et les forces vives ont acté plusieurs revendications communes. Un manifeste qui sera soumis au gouvernement et officiellement signé ce lundi lors d'une réunion à l'hémicycle Younoussa Bamana entre élus, forces vives et responsables politiques. Ils actent notamment la création d'une "Commission de la sécurité et de la défense de Mayotte", chargée de "veiller au renforcement de l’expertise locale et au développement des actions de
sensibilisation des élus et des corps constitués en matière de sécurité et de défense."

Le manifeste des élus et des forces vives

Parmi les mesures demandées au gouvernement :

  • La fin de régime juridique d’exception, "qui fait de Mayotte un département et une région entièrement à part."
  • Accompagner les entreprises, les structures de l’économie sociale et solidaire et d’alléger les procédures d’accompagnement qui leur sont dédiées.
  • La diminution de la surpopulation scolaire
  • Le lancement d’une campagne de lutte contre les violences, "notamment en milieu
    scolaire."
  • La déclaration de l’état d’urgence sécuritaire à Mayotte.
  • Une enquête du parquet national antiterroriste (PNAT) "permettant l’identification, l’arrestation et le jugement pour « acte de terrorisme » de tous les individus impliqués, de près ou de loin, aux actes de terreur perpétrés à Mayotte."
  • Un changement de doctrine dans l’emploi des forces de l’ordre
  • Le doublement de la présence policière permanente, le déploiement des Forces d’Actions Républicaines et la mise en œuvre des opérations place nette à Mayotte pour endiguer le trafic de stupéfiants.
  • L’abrogation du titre de séjour territorialisé, l’accueil des primo-demandeurs et la délivrance des titres de séjour dans les ambassades françaises.
  • Autoriser l’intervention à Mayotte de l’agence Frontex 
  • Limplantation à Mayotte d’une base permanente de la Marine "autorisant l’affection d’un patrouilleur outre-mer basé à Mayotte."
  • Modifier le code de la nationalité pour adapter le droit du sol applicable à Mayotte
  • Adapter le code de l’entrée du séjour et de l’asile applicable à Mayotte, "notamment pour rétablir le délit de séjour irrégulier et rendre impossible la régularisation d’un étranger arrivé en situation irrégulière à Mayotte.
  • L’accélération des négociations avec des pays de la région "en vue de la conclusion d’accords spécifiques facilitant l’obtention de laissez-passer consulaires, l’exécution des obligations de quitter le territoire (OQT) et l’accueil des déboutés du droit d’asile."
  • L’approfondissement de la coopération policière et la mise en place d’une nouvelle coopération judiciaire et pénitentiaire avec les pays de la région.
  • La mise en place rapide d’une unité de médecine et de gynécologie obstétrique aux Comores "pour contribuer à faire baisser les chiffres des naissances à Mayotte."
  • La délivrance d’un visa étudiant aux bacheliers d’origine étrangère pour leur permettre de poursuivre leurs études hors du département.
  • Le démantèlement complet du camp de Cavani dans les meilleurs délais
  • Un renfort humain ponctuel de l’OFPRA pour accélérer l’étude des dossiers des demandeurs d’asile enregistrés auprès de la préfecture dans le cadre du démantèlement du camp de Cavani. 
  • Que le préfet sollicite systématiquement l’avis conforme des maires avant d’accorder un titre de séjour ou de reloger des migrants dans leurs communes pour empêcher les troubles à l’ordre public.
  • L’arrêt de la délégation de missions régaliennes "à des associations dont l’activité engendre un appel d’air et provoque des tensions communautaires croissantes à Mayotte."
  • Une enquête approfondie sur l’utilisation des fonds publics délégués aux associations humanitaires locales.
  • Le placement en Internat spécialisé, y compris en métropole, des mineurs violents, l’encadrement militaire des jeunes délinquants dans le cadre de travaux d'intérêt éducatif pour les mineurs ou d’intérêt général pour les majeurs. Une coopération avec les pays de la région devrait aussi être
    engagée pour augmenter les opportunités de réinsertion des jeunes. 
  • La mise en place à Mayotte de « travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants qui se sont totalement et volontairement soustraits à leurs obligations et responsabilités parentales ».
  • La mise en place d’un accompagnement spécifique à destination des jeunes désireux de s’engager dans la légion étrangère.
  • La mise en place d’une dotation exceptionnelle de renforcement des capacités des polices municipales et intercommunales.
  • L’octroi des autorisations de port de certaines armes de catégorie B aux policiers municipaux des communes qui en font la demande. 
  • L’équipement de l’ensemble des brigades de gendarmerie en moyens nautiques pour renforcer les capacités du département en matière de surveillance des frontières et d’interception des embarcations entrant clandestinement à Mayotte. 
  • L’intensification des opérations de démolition des bidonvilles et la reconquête du foncier public.
  • Une modification de la loi pour permettre la poursuite des délinquants dans leurs cases et l’augmentation du délai de flagrance en matière de démolition des constructions illégales.