Une rencontre entre procureur, gendarmerie, élus et forces vives au conseil départemental

La rencontre à l'hémicycle Younoussa Bamana entre forces vives, élus, le procureur et la gendarmerie
Une rencontre a été organisée ce mercredi matin à l'hémicycle Younoussa Bamana entre le procureur, le directeur général de la gendarmerie, les élus et les forces vives. Après des tensions la veille au tribunal, ce fut l'occasion de débattre de sécurité et de justice.

Les élus, le procureur Yann Le Bris, le directeur général de la gendarmerie nationale Christian Rodriguez et les forces vives se sont réunis ce mercredi 7 février dans l'hémicycle Younoussa Bamana. Une rencontre au lendemain des incidents survenus devant le tribunal durant la manifestation à Mamoudzou contre l'insécurité et l'immigration. Une délégation d'élus avait alors été reçue par le procureur pour organiser cette rencontre.

Les discussions au conseil départemental se sont surtout orientées sur la thématique de la sécurité. Les leaders des forces vivres en ont profité pour interpeller le général Christian Rodriguez sur l'action des forces de l'ordre. "Pourquoi vous ne rentrez dans dans les zones qu'on appelle les zones intouchables?", demande l'une d'elle. Ils ont également dénoncé "un usage disproportionné de gaz lacrymogène" la veille. Les gendarmes qui barraient l'accès au tribunal avaient fait usage de bombe lacrymogène pour repousser les manifestants qui tentaient de forcer le cordon de forces de l'ordre. "On est considéré comme les délinquants contre qui on lutte à travers ce mouvement", a expliqué un membre des forces vives.

©Mayotte

"Ce qui relève de la justice, c'est la possibilité de prononcer des décisions en adéquation avec la personnalité et la gravité des faits prononcés", a expliqué ensuite sur le plateau de Mayotte la 1ère, le procureur, Yann Le Bris. "La justice ne peut traiter et condamner que ceux qui sont interpellés, il y a une part importante de ceux qui commettent des infractions qui ne le sont pas." 

Des peines de prison ferme en hausse de 90%

Quand des auteurs de faits de caillassages ou d'agressions à la machette sont interpellés, "ils sont traduits devant le tribunal dans le cadre de comparution immédiate ou de plaidez-coupable, c'est à dire des procédures de jugement rapide." Selon le procureur, le nombre de mandat de dépôt, de condamnations avec incarcération immédiate, est passé de 218 à 663 entre 2022 et 2023, tandis que le nombre de peines de prison ferme a augmenté de 90% cette année. Il prend également pour exemple le taux d'occupation de la maison d'arrêt à près de 240%

Dans un communiqué plus tôt dans la journée, les forces vives ont justifié la fermeture du tribunal. "Cette action symbolique vise à dénoncer l'inefficacité du système judiciaire à Mayotte, où les citoyens se sentent délaissés face à la montée de la criminalité et de l'insécurité", ont dénoncé les forces vives. "Elle est un appel urgent à réformer la justice pour qu'elle réponde aux besoins réels de la population."

Une déclaration solennelle des élus 

A la suite de cette rencontre, les élus et les forces vives ont tenu une conférence de presse pour présenter leur "déclaration solennelle adressée au président de la République." Décrivant "une situation quasi insurrectionnelle, comme un dernier cri d’alarme d’une population acculée", ils demandent au gouvernement l'envoi à Mayotte "d'un médiateur audible et crédible."

Les élus appellent également à "des mesures fortes pour sortir Mayotte de la crise" et à un échéancier quant à l'examen du projet de loi Mayotte, rappellant que la contribution des élus et force vives a déjà été envoyée au gouvernement. "On va voulu montrer qu'on est uni pour dire à l'État de prendre ses responsabilités", explique Mikidache Houmadi, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. "Nous agissons par rapport à nos compétences. Jusqu'à présent, l'État ne nous a pas montré qu'il cherchait des solutions."