VIDEO : Peut-on encore pratiquer le mrengué sans débordement ?

Le Mrengué mahorais, une tradition menacée ?
Le mrengué est omniprésent durant le mois du ramadan à Mayotte. Pourtant, plusieurs communes ont interdit ce sport de combat pour éviter des débordements. Selon un historien, la pratique aujourd'hui ne ressemble plus au mrengué traditionnel.

Les vidéos de mrengué se multiplient sur les réseaux sociaux depuis le début du ramadan. Chaque soir, une centaine de spectateurs et de participants se réunissent sur le plateau sportif de Kawéni. Deux hommes s'affrontent, encadrés par deux arbitres et accompagnés par le rythme des tambours. Dés que des coups sont échangés, les participants sont rapidement séparés avant de passer au combat suivant.

"Il n'y a pas de bagarre, il n'y a pas de souci", précise Moyad, co-organisateur des mrengués de Kawéni. "C'est une bonne chose qu'on puisse faire ça, parce que c'est le ramadan, on doit préparer des mrengués pendant le ramadan." Certains participants esquissent des pas de dance devant les spectateurs. "Ça nous rappelle il y a 20 ans, c'était beaucoup plus familial, on se battait pendant deux trois coups puis on se faisait la bise", raconte un spectateur. Une femme renchérit : "on passe du bon temps, il y a de l'ambiance, ça fait plaisir."

De nombreux spectateurs sont venus assister à ce mrengué à Kawéni

Si ces mrengués se passent bien, ce n'est pas toujours le cas. La pratique est mise en cause dans de nombreux incidents, comme ce fut le cas dans la soirée du 22 mars à Moinatrindri, dans la commune de Bouéni. Une dizaine de voitures ont été incendiées et vandalisées, des violences qui seraient parties d'un mrengué organisé dans le village la semaine précédente. 

Des arrêtés pour interdire la pratique

Plusieurs communes ont décidé de prendre des arrêtés pour interdire ce sport. La dernière en date étant Dzaoudzi-Labattoir. "On a constaté que chaque fois qu'il y a un mrengué, il y a des affrontements entre bandes, nous avons pris cette initiative pour des raisons de sécurité", précise le maire, Mikidache Houmadi. Plusieurs règlements de compte, parfois à coups de couteau, avaient marqué la commune l'an dernier à cette période.

"Ces jeunes-là ne connaissent pas les règles du mrengué", juge Inssa de Nguizijou, historien. "La règle veut qu'un combat se déroule dans un espace donné, dans un temps donné, et ne se poursuit pas en dehors." Selon ce spécialiste : "le fait qu'il n'y ait pas d'adulte pour encadrer est une dégénérescence qui en dit long sur la disparition de cette pratique."